Mycelia : l’ébauche d’une révolution dans le monde de la musique ?

Le 2 octobre dernier, la chanteuse et multi-instrumentiste britannique Imogen Heap annonçait la sortie de son dernier morceau : Tiny Human. Mais l’info importante, c’est que cette sortie s’inscrit en réalité dans une réflexion plus vaste de l’artiste sur l’avenir du marché de la musique, un large projet baptisé Mycelia.

teaser_05Imogen Heap aime bien l’expérimentation. Et après avoir bidouillé de nouveaux instruments futuristes (comme les Gloves), la productrice s’attaque aujourd’hui au business même la musique, via un projet qu’elle a baptisé Mycelia. À la base de cette grosse réflexion, un constat : le marché aujourd’hui est en crise (no shit, Sherlock). Réussir à vivre de son art est devenu de plus en plus difficile, particulièrement pour les jeunes artistes qui débutent. Et de l’autre côté de la barrière, les consommateurs ne trouvent pas forcément de solution simple pour profiter de leur musique et rémunérer leurs artistes favoris.

Heap a signé son premier deal avec un label à l’âge de 17 ans, et vingt ans plus tard, les choses ont bien changé. À tel point qu’elle n’a aujourd’hui plus de maison de disques, plus de management et plus de distributeur. Et du coup, grâce à une notoriété certaine, elle est dans une position où elle peut se permettre d’essayer de nouvelles choses. D’où l’idée de lancer une sorte de « think tank » autour du business de la musique et d’expérimenter des approches inédites.

C’est Tiny Human (un morceau qui parle de sa fille Scout) qui va servir de première étape dans cette mission de défrichage. La motivation d’Heap est double : simplifier le processus qui sépare la création de la musique de sa consommation (et donc sa rémunération), tout en permettant à ses fans d’accéder à un maximum d’informations liées à cette création (allant du nom des musiciens ayant collaboré au morceau jusqu’à la marque des micros utilisés, en passant par un accès aux pistes des différents instruments du morceau par exemple).

Pour y parvenir, elle a choisi de s’appuyer sur la technologie Blockchain. Pour faire simple, la techno lui permet de lier un fichier à un paiement dans une sorte de portefeuille numérique. Ce fichier est alors « lâché dans la nature », disséminé et dès que quelqu’un paie pour écouter le morceau, n’importe où sur le réseau, les brouzoufs remontent instantanément à la source, sans intermédiaire.

Plus de portail de vente, plus de distributeur, plus de label, l’argent passe directement de la poche du consommateur à celle de l’artiste.

Tout cela est bien entendu encore en phase expérimentale, le gros frein étant que les transactions se font pour le moment exclusivement en Bitcoins, une monnaie que le grand public est encore loin de maitriser. Mais dans l’idée, il y a une réflexion intéressante : et si on pouvait produire un morceau de musique, y ajouter tout le contenu additionnel qu’on désire, le lier de manière indissociable à sa rémunération et à certaines règles de diffusion, de sorte que peu importe où il soit écouté, l’argent revienne intégralement et directement à son auteur, sans perdre de menue monnaie en cours de route ?

Point de volonté de la part d’Heap de balayer le reste de l’industrie, mais plutôt de la compléter avec un système plus sain, plus juste. Plus qu’un projet fini, Mycelia est une conversation en cours, entre les artistes et avec le public, pour avancer ensemble vers des solutions qui permettent à tout le monde d’y trouver son compte. Une discussion dont le marché de la musique a bien besoin et qu’on va suivre avec grand intérêt.

Et si vous avez le temps, je vous glisse la (longue) conférence qu’elle a donné pour présenter Tiny Human ci-dessous.

Je vous invite également à lire cette interview de l’artiste accordée à Forbes en juillet dernier, et qui détaille les idées principales du projet Mycelia.

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