YouTube Red : Google échange ses pubs contre votre argent

Idéalement, j’aurais voulu attendre de pouvoir tester le service avant de vous en parler. Mais vu le ramdam autour de l’annonce du lancement de YouTube Red, faisons déjà rapidement le point sur ce qui devrait changer.

La base : pour 9,99$ par mois (12,99$ sur iOS, pour compenser comme Spotify et consorts la marge d’Apple), vous pourrez désormais avoir accès à un YouTube sans pub, offline et qui pourra tourner en tâche de fond sur mobile (pour écouter de la musique et faire autre chose en même temps). Mais aussi à du contenu exclusif, produit pour le service, un peu à l’instar de ce que fait Netflix.

Comme tout cela ne sera disponible qu’à partir du 28 octobre, difficile pour le moment de faire autre chose que de relayer les fonctionnalités promises par Google. Mais on peut tout de même soulever certains points qui nous semblent importants…

  • L’abonné pourra désormais consulter son contenu offline (donc télécharger ses vidéos en tous légalité sans passer par des plugins discutables) mais aussi mater ses vidéos en tache de fond, ce qui permettra de continuer à écouter de la zique tout en surfant par exemple (et vous allez comprendre assez vite pourquoi ce sera important).
  • Clairement, l’objectif est de permettre à YouTube de commencer à générer du revenu (le service est pour le moment à l’équilibre, sans plus) et de venir chasser les autres services de streaming sur leurs terres.
  • L’abonnement à YouTube Red inclut un abonnement à Google Music. Un élément primordial pour l’industrie de la musique qui observe tout ça avec grand intérêt, et un avantage non négligeable par rapport à Spotify qui ne propose pas d’équivalent vidéo. A noter que YTR remplace a priori le projet YouTube Music Key, qui suscitait encore il y a quelques mois de joyeuses polémiques. Google prévoit d’ailleurs de lancer une app dédiée à la musique, et liée au service, baptisée fort judicieusement YouTube Music.
  • Sauf qu’a priori, c’est toujours le même bordel : pour continuer à balancer du contenu sur YouTube, les maisons de disques et les artistes doivent se plier au contrat et accepter d’être présents sur les deux versions, payante et gratuite. En clair : si le modèle économique ne vous plait pas, vous êtes libre de ne pas signer, mais vous n’aurez plus le droit d’être sur la plateforme, même pour les utilisateurs gratuits. La deadline pour signer, c’est aujourd’hui, et un paquet de labels indépendants ont déjà annoncé qu’ils ne le feraient pas.
  • Qui plus est, la redistribution des revenus ne sera pas aussi avantageuse pour les artistes que sur Spotify ou Apple Music : YouTube promet de reverser 55% de ses revenus globaux, contre environ 70% chez les deux autres, toujours via un système déjà décrié de paiement à l’écoute. Encore de l’eau au moulin des artistes contestataires.
  • Pour le moment, aucun mot du sort réservé aux bloqueurs de publicité, qui constituent pourtant le principal obstacle à la rentabilité du service. Notre petit doigt nous dit que c’est probablement dans les cartons mais que Google a préféré se concentrer sur une communication positive. On verra à partir du 28 octobre si une parade magique est mise en place.
  • Ah et il y aura aussi du contenu original, comme je l’indiquais en début de papier. Premier projet : un reality-show/survival horror avec PewDiePie. Ça vend du rêve.

Mais j’ai beau hausser les sourcils de désintérêt pour l’offre, je ne miserais pour autant pas tout de suite sur son échec. La majeure partie des grosses compagnies produisant du contenu sont déjà derrière le projet (Fox, NBC Universal, Time Warner) et même si Disney manque encore à l’appel, je ne serais pas étonné qu’ils finissent par embarquer à leur tour dans le navire Google (Maker Studios, une filiale du groupe, est déjà derrière la série de PewDiePie).

Pour le moment, en tous cas, difficile pour moi d’y voir autre chose qu’un énième service de streaming dans lequel les petits artistes risquent une nouvelle fois d’être laissés sur le bord de la route. J’espère me tromper.

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