Steam Link : les vapeurs du stream

Dans le petit monde des boitiers qui viennent encombrer votre meuble TV, le Steam Link est à part, à des années-lumière des produits dédiés à la diffusion de contenus non interactifs. Le seul but du produit de Valve ? Faire le lien entre votre PC et votre télévision, comme un câble HDMI qui n’aurait aucune limite de taille. Sans PC déjà en place à l’autre extrémité de la chaine, ce bout de plastique noir a autant d’intérêt qu’un presse-papier. Et avec un PC ? Le concept fonctionne, mais la perfection ne sera pas pour cette première version.

Steam Link Render 1Comme son nom l’indique, le Steam Link ne sert “que” de lien entre votre TV et Steam installé sur votre PC. Pour profiter du reste de votre ludothèque, un jeu Blizzard par exemple, il faudra l’ajouter dans le soft de Valve, faute de quoi le Link sera incapable de le localiser, et donc de le lancer. Comme pour le Steam Controller, qui est censé être son partenaire “naturel”, le but est de profiter de vos titres PC depuis votre canapé. Valve sait très bien que nos machines sont souvent massives, bruyantes, mais également performantes. Du coup, l’option d’investir dans une Steam Machine dédiée au salon est bien moins sexy que la perspective de mettre à profit l’existant pour profiter de ses titres d’une manière différente.

Steam Link Dirt

Un Prix Nobel à qui inventera la machine anti-poussière…

Discrétion assurée

Dans le genre design discret et passe-partout, le Steam Link fait assez fort : avec moins de 9 cm sur 12, un profil extra-plat et une absence totale de LED, cet engin devrait survivre aux pires taux de WAF de la planète. Le WAF ? Le Wife Acceptance Factor, bien entendu. Un paramètre qui ne concerne que les couples, mais dont il vaut mieux connaitre l’existence, si on veut éviter de se brouiller avec l’être-aimé, après avoir retrouvé ses toutes nouvelles enceintes de deux mètres de haut aux encombrants… Bref, pas de crainte de ce côté, le boitier peut se planquer dans un coin vu qu’il n’y a même pas de dispositif d’aération à bichonner.

Steam Link Render 2Côté connexions, on a les grands classiques : trois ports USB 2.0, un port Ethernet 100 Mbit/s et une sortie HDMI. Le boitier transmet du 720p / 1080p à 60 fps, et il est également capable communiquer en Bluetooth 4.0 et WiFi 802.11 ac. On peut y connecter aussi bien le Steam Controller que du pad Xbox One ou 360 via USB (et la version Windows avec ou sans fil). Un combo clavier / souris classique est aussi possible bien que souvent peu pratique dans le salon. Le seul autre joypad officiellement cité par Valve comme étant compatible est le Logitech Wireless Gamepad F710, mais certains commentaires sur Steam prouvent que pas mal d’autres modèles, souvent filaires, fonctionnent parfaitement.

Big Picture

Le setup du Steam Link est aussi simple qu’efficace. On branche les prises secteur et HDMI, et hop, c’est parti pour un test en mode sans fil. Après une update de firmware au démarrage, le Link va m’afficher directement les réseaux disponibles. Je me connecte sur le 5GHz (802.11ac) de mon routeur, a priori le plus rapide de la maison, et je configure au passage l’overscan de l’affichage, une option indispensable pour moi et dont l’absence m’avait fait râler dans le test de l’Apple TV. Du reste, on notera que la boite du Steam Link contient un câble HDMI et un câble Ethernet, elle ! Valve se montre plus généreux qu’Apple de ce côté. Cela dit, il y a une raison à ça, j’y viens…

Steam Link OptionsUne fois le réseau configuré, le Steam Link me propose de se connecter avec le PC faisant tourner Steam. Il faut que votre machine soit allumée et Steam lancé pour être détectée. Quand on initie la connexion, Steam s’affiche alors en mode Big Picture, le mode optimisé pour les télévisions. La mauvaise nouvelle c’est qu’il fait de même sur le PC. Le Steam Link met la main sur la machine distante et se contente de récupérer l’affichage pour l’adapter à la résolution de votre TV. C’est une mauvaise nouvelle pour ceux qui espéraient pouvoir utiliser le PC pour faire autre chose pendant que quelqu’un joue dans le salon. C’est totalement impossible. Le PC se charge du calcul des images et le Link, avec l’aide de Steam sur votre PC, va compresser ces dernières et les gérer côté salon.

Fil à la patte

Steam Link Qualité StreamingJe lance The Witcher 3 comme premier test, et je comprends rapidement pourquoi Valve annonce “Wired network strongly recommended” sur sa fiche produit. Si mes tests suivants ont prouvé qu’avec un WiFi 5GHz bien configuré, certains titres passent parfaitement, pour une expérience sans prise de tête, il vaut mieux pouvoir relier en Ethernet le Link et votre PC. Dans cette première tentative, les démons « pixélisation » et « lag » ont vite empêché notre héros d’accomplir la moindre quête… Même le son se retrouve dégradé. En mode filaire, ça passe déjà beaucoup mieux : plus de problèmes de vitesse à géométrie variable, mais je ne retrouve pas la fluidité du PC en natif. De retour dans les paramètres du Steam Link, je teste alors successivement les modes d’encodage “Rapide”, “Équilibré” et “Beau”. Pas de changements flagrants et toujours cette sensation de lenteur et de lag. J’avais en fait loupé la case activant l’encodage matériel… Ah, la « joie » d’être un early adopter ! Depuis quelques jours, après voir patché Steam sur PC et le Link, ce paramètre est toujours activé par défaut et également exploité sur le “In-Home Streaming” (entre 2 machines qui font tourner Steam).

On respire, tout revient à la normale et les sensations sont suffisamment bonnes pour terminer un titre comme The Witcher 3 installé confortablement. Ça ne sera pas le cas à chaque fois. Avec Rocket League par exemple (ma drogue favorite du moment), on se retrouve avec un curseur de souris au milieu de l’écran dès le lancement du jeu. Seul moyen de le virer ? Soit bouger jusqu’au PC et déplacer le fameux curseur, soit brancher une souris sur le Steam Link… Pénible. Pire, le jeu est un des moins fluides de tous ceux que j’ai testés, et c’est un de ceux qui nécessitent justement un affichage parfait pour être agréable. Grosse déception, mais aussi grosse incompréhension vu que c’est loin d’être un titre spécialement gourmand. Clairement, quelque chose ne plait pas au Steam Link dans RL ! Cadeau surprise au passage : c’est le premier jeu qui fera des caprices avec le HDMI. Sur certains titres, mon ampli audio / vidéo fait la moue, alors que la résolution en sortie du Link ne varie a priori pas… Il lui arrive du coup de perdre le signal pendant quelques secondes, une situation bien crispante. Cela dit, il faut que je creuse ce bug, il est peut-être lié à mon matériel.

Le mode indispensable à tout "bidule" qui se connecte à une TV ! Tu m'entends Apple ?

Le calibrage indispensable à tout « bidule » qui se connecte à une TV ! Tu m’entends, Apple ?

Les autres problèmes sont généralement liés à Windows et à la nature capricieuse de l’écosystème PC : Shadowrun s’affiche dans une résolution trop peu lisible pour une TV, certains titres veulent lancer des boites de dialogue Windows au démarrage, ce qui bousille l’expérience Big Picture, les touchpads du Steam Controller boudent les jeux non Steam ajoutés manuellement à la librairie, etc. Mais dans l’ensemble, le résultat est assez probant : l’utilisation de Big Picture se révèle très agréable pour la plupart des tâches courantes et les performances sont au rendez-vous. Sur la cinquantaine de titres testés, moins de 5 étaient vraiment récalcitrants.

Vapeur sur les fenêtres

Quand on analyse tous ces problèmes, on réalise que 99% ne viennent pas du Steam Link, mais de Steam tout court et de son pote Windows. Vous aurez les mêmes avec un câble HDMI directement depuis votre PC ! Le mode Big Picture est à la merci de la moindre boite de dialogue émanant d’un jeu un peu moins bien codé que prévu. Mais dans la majorité des cas, le résultat est tout à fait satisfaisant et permet de redécouvrir sa collection dans le confort de son salon. Le meilleur des deux mondes, à condition de supporter une image forcément imparfaite si on la compare à sa version « native » sur PC. On peut tout de même considérer le but de Valve atteint et pour 65 euros avec les frais de port et une facilité de mise en place exemplaire, c’est une expérience qui se tente. Gardez juste à l’esprit que pour en profiter pleinement, il vous faut vraiment un réseau filaire qui fonctionne parfaitement et un PC puissant !

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