Sons of Gravity : journal de bord d’un joueur plongé dans Elite

ndCaf : les anciens lecteurs de Joystick, époque 2003–2006, se rappellent peut-être des chroniques que nous écrivions parfois pour faire “vivre” des sessions de jeu. J’avais envie de m’y remettre, mais la première sera de Daz, dont le style inimitable est parfait pour vous faire revivre les galères du joueur plongé dans Élite. Daz, c’est un ami qui a sévi en même temps que moi sur Humanoïde et dont les chroniques rendent chaque Studio404 plus, mmm, fleuri. Il est aussi le maitre incontesté de la savate de feu, certifié Sac de Qualité du Street Club (une bande de potes, qui partagent l’amour du jeu de baston, malgré parfois un manque de skill évident. Oui, je parle de moi…). Bref, un mec bien.

 

Il y a quasiment un an jour pour jour, j’achetais Elite Dangerous. Depuis je soûle tous ceux que je croise et qui font l’erreur de me demander “Quoi de neuf ?”. Il faut reconnaître que ma vie vidéoludique a été quelque peu chamboulée puisque quelques centaines d’heures de jeu plus tard, je continue à jouer à Elite malgré ses lacunes béantes, ses faiblesses évidentes et son grind impitoyable.

Elite 1

Tout comme un avis d’imposition, Elite Dangerous ne révèle son vrai potentiel que lorsque l’on s’y plonge totalement. Difficile pour le quidam moyen de percevoir la grandeur du titre en passant vite fait devant l’écran de temps en temps. À plus forte raison quand on joue avec un Oculus Rift sur la tête. Du coup, pour donner une idée de ce qui s’y passe, je me suis dit que je pourrais partager des logs des sessions, qui oscillent entre fails massifs et moments de grâce.

Accessoirement, ces billets pourront être présentés en tant que preuves au tribunal, quand on viendra me juger pour abandon de famille.

Non Mme la présidente, je ne me branlais pas les roustons, j’étais en train de passer des esclaves en contrebande du côté de Kaushpoos.

 

Horizons, session #1

Elite 2 HorizonsSplashScreen

Quelques clés pour bien comprendre Elite :

  • C’est grand (notre galaxie, la Voie lactée, à l’échelle 1:1, soit 400 milliards de systèmes)
  • C’est beau
  • C’est grand
  • L’épisode Horizons sorti cette semaine ajoute la possibilité d’atterrir sur des planètes et d’aller se balader en SRV (Surface Recon Vehicle)
  • C’est grand

Je suis dans le système Robigo (un trou paumé loin de la zone dite “civilisée” de la galaxie), pas d’atelier Outfitting dans la station pourrie de Robigo Mines, donc impossible d’acheter le module pour le SRV à équiper sur le vaisseau. Donc pas possible de faire le gogol en buggy si jamais je me pose quelque part.

Pas grave, je prends des missions et pars vers la zone peuplée en me disant que j’achèterais ce truc là-bas.

Première mission, distance de 360 Ly (années lumière) à couvrir en 17 sauts, 4 millions de Crédits en récompense. Pour rappel quand on débute dans Elite on a 1000 Cr et un vaisseau en bois. FUCK YEAH ROBIGO RUN.


Instant Nota Bene : Dans Elite, on couvre de longues distances en sautant d’étoile en étoile et la distance couverte par votre esquif dépend du “moteur de saut” (ou FSD) que vous embarquez. Plus vous allez loin, plus vous allez sauter de système en système. Mon bouzin préparé pour ces missions peut faire des sauts d’environ 30 LY en une fois (pour comparer, mon vaisseau “normal” ne couvre “que” 20 LY par saut).


Je me lance et me fais pirater après le 13e saut. Sitôt revenu en normal space (voir plus bas), je me fais allumer par un Imperial Courier, vaisseau que j’aurais vaporisé en riant en temps normal, mais le vaisseau utilisé avec sa custo spéciale Robigo/Suicide proposée par Franck ne comporte AUCUNE arme et booste comme une tortue hémiplégique (pour peser moins lourd et donc sauter plus loin). Ne pas pouvoir se battre ET ne pas pouvoir s’enfuir donnent un bel aperçu de ce qu’est une existence fragile. Les bouclars tombent, mon hull est à 80%, je parviens à faire chauffer le FSD et me barre en boitant tout en gueulant un “Je vous demande de vous arrêter !” très Baladurien.

Arrivé en Supercruise, je tente un fuel scoop (recharger le réservoir en orbitant autour d’une étoile, ça évite de faire le plein en station) avant de sauter vers le prochain système mais esquive de justesse 2 autres tentatives de piratage. N’écoutant que mon courage; je fuis ce système peuplé de gens encore plus déter que des vietcongs japonais.

Plus que 8 sauts avant la bicrave et je réalise 2 trucs :

1) J’ai plus de pétrole
2) La mission à 4 millions se termine dans 30 mn.

Du coup, je change d’itinéraire et saute vers un système moins loin pour économiser du carbu. J’arrive dans le système Coco (ça s’invente pas). Étoile non fuel-scoopable, une station à 12 500 Ls (12500 secondes x 300000 km = LOIN), je commence à me dire que je suis de la baise. Je vérifié la liste des points d’intérêt dans le quartier et OH ! Y’a des bases sur les planètes ! Je vais refuel là-bas !

Je vais vers la planète la plus proche à 1200 Ls, il me reste 1/16e de réservoir. Je suis laaaaaaarge.


Instant Nota Bene 2 : L’arrivée des Planetary Landing a quelque peu chamboulé le modèle de vol d’Elite. Jusqu’ici en gros c’était

  • Vol normal pour arriver/quitter une station et se battre (on contrôle tout)
  • Supercruise pour zoner dans un même système (on contrôle moins)
  • Hyperdrive pour aller dans un autre système (tunnel façon Star Wars, on contrôle rien)

Maintenant avec Horizons, il y’a de nouvelles étapes qui s’enchaînent pour passer de l’espace sidéral au vol libre comme une hirondelle au-dessus d’une planète sans vie (une hirondelle avec un scaphandre).


[Orbital Cruise -> Drop -> Glide]

Survol de la planète

(accent du sud) Puté, vé, c’est beau gosse quand même, heing

Elite 3 Terrestrial planet landing

Où est cette sta… 1200 km ??? PUTAIN

Ok, ok, j’ai dropé trop loin, je cabre à 90°, charge le FSD et repars à la verticale en Supercruise, j’ai plus d’essence putainggggggggggg !

De retour dans l’espace, je contourne la planète et redescends plus près de la station.

[Orbital Cruise -> Drop -> Glide]

Ah c’est mieux. Alors… Comment on se pose ? Faut demander l’autorisation à la base. Contact panel, rien. Je dois être trop loin.
J’approche.

Putain toujours aucun contact. C’est chelou, normalement à 7 km on peut contacter les gens. Ah tiens c’est écrit “Minimum security” à côté du nom de la base. Qu’est-ce…

Et là je réalise que, tout comme tout ce qui brille n’est pas d’or (mais un film pourri), toutes les bases ne sont pas des stations, son père la pute des bois.

Pas le choix, je recabre à 90°, FSD, retour en Supercruise en fixant mon réservoir vide et en calculant une course vers la station à 12000 Ls (LOIN).

Je transpire du cul en guettant la distance et le scanner/radar à la recherche du moindre carré qui se collerait dans mes 6 heures pour me pirater. Comme dirait Faf Larage en plein moment de doute, j’ai pas le temps, mon esprit migre ailleurs.

Mais bon, pas le choix, faut y aller.

  • 10 000 Ls (LOIN)

Je sue du Q

Elite GIF1

  • 7500 Ls (LOIN)

Je sue du Q

Elite GIF2

  • 5000 Ls (LOIN)

Je sue du Q

Elite GIF3

“MAIN FUEL TANK DRAINED” me dit la meuf de l’ordinateur.
Ok je vais crever ici.

Intense suintance QQtale.

Elite GIF4

Mission qui se périme dans 5 mn dans un système situé à +100 LY, un pixel d’épaisseur de fuel. Un pixel d’Oculus Rift, ok, mais un pixel quand même.

J’arrive au starport en roue libre, j’ai même coupé la clim et viré quelques esclaves qui trainaient dans la soute pour alléger un peu.

JE. SUIS. PAS. MORT. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA

Je refuel, j’achète le SRV (tant qu’à faire), je lance “Les Rois Du Monde” dans Spotify avant de faire une croix sur la mission à 4M et j’entreprends de terminer mon run pour livrer les 8 autres missions (toutes plus illégales les unes que les autres) que j’ai chopées à Robigo et que je dois toujours livrer. Je me sens frais, je me sens bien, je suis d’humeur conquérante et j…

Le jeu plante.

Retour sur le bureau Windows. Retour sur Terre.

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