Lampsilis : le coup de moule de Darwin

La nature peut être à la fois fascinante et terrifiante. Dans la série des animaux dont on voudrait ne jamais avoir entendu parler, je vous présente la moule lampsilis, un mollusque d’eau douce qui use d’un stratagème bien retors pour se reproduire.

moule_lampsilisObservez bien la photo ci-dessus. A première vue, rien d’extraordinaire : un petit poisson téméraire nage à proximité d’une grosse moule qui s’apprête probablement à en faire son déjeuner. Sauf que pas du tout…

Ce qui ressemble à un petit poisson est en réalité une excroissance du mollusque femelle, une poche dans laquelle elle a stocké ses œufs préalablement fertilisés par le mâle. Une fois celle-ci pleine, elle se met à l’agiter frénétiquement devant les poissons de passage qui, forcément, n’y voient qu’un petit en-cas facile à dévorer.

Malheureusement pour ces affamés insouciants, une fois qu’ils se décident à attaquer cette proie factice, le leurre du mollusque libère un véritable nuage de glochidies, des larves qui vont alors s’empresser d’aller s’agripper dans les branchies du pauvre poisson, à l’aide de crochets dédiés. Deux raisons à ce parasitage éhonté : bien planquée à l’intérieur de leur hôte, la progéniture se voit ainsi assurée d’une sécurité quasi totale, le temps d’arriver à maturation; ensuite, l’hôte va également servir de taxi et permettre la dissémination de l’espèce. Génie.

Mais la moule lampsilis est aveugle et n’a donc a priori aucun moyen de savoir à quoi ressemblent les poissons dont se nourrissent les futurs hôtes. Comment parvient-elle dès lors à les tromper avec un leurre aussi ressemblant ? Grâce à Darwin, pardi ! Du « trial & error » étalé sur plusieurs millions d’années d’évolution, jusqu’à trouver la bonne combinaison et l’appât parfait. Fascinant, vous disais-je… Mais aussi un petit peu flippant. Imaginez si un tel parasite existait à notre échelle.

Faites de beaux rêves !

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