La saga Marvel Studios, 13ème partie : connaissez-vous les One-Shots du MCU ?

Relativement méconnus du grand public, les One-Shots de Marvel font pourtant partie intégrante du MCU, l’univers partagé des films et séries produites par le studio. Vous n’en aviez jamais entendu parler ? Pas de souci. Je vous propose une petite anthologie de ces cinq court-métrages atypiques et fun, dont deux d’entre-eux ont donné naissance aux premières séries télé produites par la Maison aux Idées.

Disclaimer : je sais, la semaine dernière, je vous avais annoncé qu’on parlerait des séries Netflix. Mais je me suis rendu compte que j’avais complètement passé sous silence l’univers des One-Shots, et que ça méritait sans doute de faire une petite pause dans notre grande saga pour s’y intéresser. Dont acte.

Si aujourd’hui tout le monde, ou presque, a entendu parler des films Marvel Studios et des séries télé (et si ce n’est pas le cas, c’est que je fais mal mon taf), il demeure encore un petit pan obscur du MCU dont le grand public ignore totalement l’existence : les One-Shots, des courts-métrages disponibles sous forme de bonus livrés avec certains Blu-ray de la saga.

L’idée de ces One-Shots est née dans le courant de l’année 2011, du cerveau infatigable de Kevin Feige, grand patron de Marvel Studios, assisté pour l’occasion de Brad Winderbaum, vice-président de la production et du développement. Leur objectif était à la base de se donner l’occasion d’expérimenter avec de nouveaux personnages ou de nouveaux concepts, tout en étendant le MCU en dehors des trames principales relatées dans les films. Et pour ce faire, quel meilleur support qu’un format vidéo court, narrant des histoires indépendantes.

A l’origine, les One-Shots sont d’ailleurs un concept qui existait déjà dans les comics, où là aussi le terme désignait des histoires qui se suffisaient à elles-mêmes, indépendamment des grands arcs. Une fois de plus, comme pour tout ce que fait Marvel Studios avec le MCU, l’idée c’est de transposer une idée qui a fait ses preuves dans les comics, et de l’adapter au grand écran.

Son of Coul

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William Hurt (à gauche) picolant en compagnie de Robert Downey Jr. pour oublier la violence du placement de produit.

Les deux premiers projets du genre furent annoncés par Marvel lors de la Comic-Con de San Diego en août 2011 : deux court-métrages de quatre minutes, réalisés avec de tout petits moyens, et centrés sur le personnage populaire de Phil Coulson. Dans The Consultant et A Funny Thing Happened on the Way to Thor’s Hammer, on découvrait l’envers du décor de la vie quotidienne de notre agent du SHIELD préféré. Dans le premier, il s’agissait de procéder à une sorte de retcon de la scène post-générique de The Incredible Hulk, expliquant (enfin) pourquoi c’était à Stark qu’on avait confié l’étrange mission d’aller recruter Emil Blonsky, alias The Abomination, pour rejoindre les Avengers. Dans le second, le vaillant Phil déjouait une attaque à main armée dans une station service, alors qu’il se rendait au Nouveau Mexique où venait d’être retrouvé le marteau de Thor.

Deux petites capsules plutôt rigolotes, qu’on doit à un certain Leythum, pseudonyme d’Abdelkareem Abonamous, réalisateur de pub aguerri, membre du Ebeling Group, et habitué des formats courts. Pour l’anecdote, l’homme n’est sans doute pas inconnu des gamers, puisque c’est à lui qu’on doit ce magnifique trailer de DarkSiders II. Côté plume, ces deux premiers One-Shots sont signés Eric Pearson, un petit jeune de l’écurie de scénaristes Marvel.

Disponibles respectivement sur les blu-rays de Thor et de Captain America: The First Avenger, ces deux courts, fun et en marge de la trame centrale du MCU, connaissent rapidement un joli petit succès d’estime parmi les fans et poussent Marvel à tenter de passer à la vitesse supérieure.

Chitauri cantonais

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Liz Caplan, qui après avoir fuit le monstre de Cloverfield, décide de dégommer des banquiers avec une arme extra-terrestre. La filmo de cette nana est décidément pleine de surprises.

Ce sera chose faite dès 2012 avec Item 47, spin off de The Avengers (et disponible sur le blu-ray du film) qui nous conte les aventures d’un couple de voleurs de banque un peu brouillons (incarnés par Jesse Bradford et Lizzy Caplan), sillonnant les banques du pays armés d’un flingue Chitauri récupéré dans les décombres de la bataille de New York. De quatre maigres minutes, le format passe désormais à un ambitieux 12 minutes, même si les moyens investis restent malgré tout très modestes (on est largement en dessous du tarif d’un épisode de série télé par exemple). Côté réal’, exit Leythum, remplacé au pied levé par Louis D’Esposito, vice-président du studio. Au scénario, en revanche, c’est toujours la plume d’Eric Pearson qui signe le traitement.

Même s’il reste relativement anecdotique dans la « big picture » du MCU, Item 47 n’en demeure pas moins important pour une raison très précise : c’est grâce à lui que la série Agents of SHIELD a pu voir le jour. En effet, à la fin du court (attention ça va spoiler), les deux pillards se font alpaguer par le SHIELD, et après s’être fait passer un savon, finissent en nouvelles recrues de l’agence gouvernementale secrète, qui récompense ainsi leur débrouillardise. Et c’est ce dénouement final qui va permettre à Marvel de convaincre Bob Iger, big boss de Disney, qu’il y a probablement moyen de faire une série basée sur un groupe d’agents et les mystères auxquels ils doivent faire face au quotidien.

Une fois de plus, le succès critique est au rendez-vous, sans doute bien plus encore qu’avec les deux précédents One-Shot. Le format est plus fluide, permet de poser une véritable histoire et d’aller creuser un peu plus en profondeur les personnages qui l’habitent. Une réussite qui va encourage Marvel Studios à poursuivre l’expérience et y investir des moyens de plus en plus conséquents.

Miss Peggy

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Hayley Atwell, alias Peggy Carter, alias Agent Carter, alias Ma Waifu.

En 2013, le studio lance la production d’un quatrième One-Shot, articulé cette fois-ci autour du personnage de Peggy Carter, second rôle et essentiellement « love interest » dans le film Captain America: The First Avenger. On y découvre la miss sous un tout autre jour, véritable héroïne badass, aux prises avec le sexisme de l’après Seconde Guerre mondiale, et court-circuitant sa hiérarchie pour voler en solo sur une mission particulièrement périlleuse.

Encore plus ambitieux qu’Item 47, Agent Carter (c’est son titre, à ne pas confondre avec la série) propose plus de scènes de combat, mieux maitrisées, plus d’effets visuels, et modernise le ton instillé dans le film dont il est le spin-off, tout en restant bien ancré dans son époque. Derrière la caméra, c’est toujours la paire D’Esposito/Pearson et, une fois encore, le succès sera au rendez-vous. Un nouvel essai marqué pour Marvel qui amènera cette fois-ci la chaine ABC, qui a fleuré le bon filon, à commander une série complète de 8 épisodes axée sur le personnage. Un première « super-héroïne » dans le MCU (même si techniquement, Carter n’a pas de pouvoirs), ça ne se refuse pas. La série entame aujourd’hui sa deuxième saison, et pour ceux que ça intéresse, l’ami Glou vous en a parlé en long et en large il y a quelques jours à peine.

Tût tût les rageux

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Quand le « faux » Mandarin (incarné par Ben Kingsley) provoque l’ire du « vrai », où comment Marvel aime jouer avec les pieds de ses détracteurs (oui c’est du belge, et alors ?).

Last but not least, en 2014 Marvel Studios remet le couvert pour un cinquième court, spin-off cette fois-ci du premier film de la Phase 2, Iron Man 3 et intitulé : All Hail The King. Exit Eric Pearson, qui pour la première fois depuis le lancement des One-Shots cède sa plume à Drew Pearce, co-scénariste du long métrage dont il s’inspire. Du côté de la réalisation, en revanche, c’est toujours avec l’ami D’Esposito qui s’y colle.

L’idée derrière ce nouveau court est essentiellement de répondre aux critiques des fans déçus par le traitement du Mandarin dans le film de Shane Black. Et de poser la question suivante : et si le vrai Mandarin existait réellement et n’était en fait pas super ravi qu’on ait usurpé son identité de la sorte ? Joli pied de nez aux « rageux », et ouverture potentielle pour l’apparition d’une nouvelle incarnation du bad guy dans un futur film du MCU. Win-win.

All Hail… se permet même au passage d’aligner un casting de cinglé, digne d’un gros blockbuster, récupérant l’acteur Ben Kingsley dans le rôle-titre (il incarnait le faux Mandarin dans Iron Man 3), mais également Sam Rockwell (Justin Hammer dans Iron Man 2). Marvel signera en outre le compositeur Brian Tyler à la BO, allant même jusqu’à dégoter l’illustre Mike Post, célèbre compositeur de bandes-son de séries télé dans les années 80 (Magnum, Quantum Leap), pour écrire le thème d’une série fictive qui apparait dans le court. Bref, Marvel s’amuse, se fait plaisir, sort des sentiers battus, et les fans sont ravis. Du coup, tout le monde attend avec impatience l’arrivée du blu-ray de Guardians of the Galaxy, pour découvrir la sixième pépite. Sauf que…

Les One-Shots tournent court

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Clark Cregg (Phil Coulson) exprimant son désaccord au conseil d’administration de Marvel à l’annonce de la mise en pause des One-Shots.

Le sixième One-Shot, se fera attendre ! Et dans un premier temps, pas de communication officielle de Marvel Studios sur le sujet. Tout le monde se dit alors que ce sera sans doute pour le prochain blu-ray, celui de The Winter Soldier. Mais là non plus, point de court-métrage rigolo à l’horizon, la galette en est désespérément exempte. Il faudra attendre fin 2015 pour obtenir enfin une déclaration de Feige à ce sujet. Le patron du studio expliquera qu’ils n’ont clairement pas abandonné l’idée d’en produire plus (ils planchaient d’ailleurs sur plusieurs scénarios bien fun, impliquant notamment Howard The Duck ou Ms. Marvel), mais pour l’heure, le concept est en pause pour une durée indéterminée.

La raison invoquée est essentiellement un manque de temps. Il faut dire qu’avec l’accélération de la production ciné (Marvel va passer à 3 films par an à partir de 2017) et la multiplication des projets télé, il devient de plus en plus difficile de plancher sur ce genre de projets annexes devenus au fil du temps une entreprise particulièrement gourmande, tout ça pour une diffusion finalement très limitée. Il fut un temps envisagé de présenter ces One-Shots en ouverture des films dans les grandes salles (à l’instar de ce que fait Pixar), mais là non plus, l’idée ne s’est pas (encore) concrétisée.

Néanmoins, malgré l’absence d’un nouveau court depuis 2014, Feige se veut rassurant : il est pour lui évident qu’ils en referont un jour, le concept n’est pas définitivement rangé au placard. Mais pour le moment, rien de prévu. Et quand on sait qu’une des idées retenues pour un potentiel One-Shot est finalement à son tour devenue une série télé (je parle bien entendu de l’adaptation de Damage Control, qu’on attend pour bientôt sur ABC), difficile d’y voir une perspective réjouissante pour la pérennité du concept. Reste qu’avec Marvel, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, et je ne peux m’empêcher d’espérer un retour de ces histoires annexes sur le futur blu-ray de Civil War.

En attendant, et en ce qui nous concerne, on va revenir à l’univers de la télé, et s’intéresser enfin d’un peu plus près aux projets sur lesquels planchent Marvel, ABC et Netflix, main dans la main. Mais ça, eh oui, ce sera pour la semaine prochaine…

Et d’ici là, pourquoi ne pas lire ou relire les autres parties de cette grande saga ?


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