Zika : le petit virus bénin devenu très méchant

Depuis quelques derniers mois, le Zika, un petit virus peu connu, encore considéré comme relativement inoffensif il y a quelques années, secoue la communauté des maladies infectieuses et fait les gros titres des journaux. Nos confrères d’Ars Technica ont fait un bilan relativement exhaustif de la situation. En voici les grandes lignes.

Il y a 10 ans à peine, le Zika était encore un germe relativement banal, initialement découvert dans la forêt ougandaise dans les années 40 et dont les effets étaient pour le moins quelconques (fièvre légère, douleurs et rougeurs). Mais depuis quelques mois, il est tout à coup devenu une menace concrète, provoquant a priori paralysies et déformations.

Tout a commencé autour de 2007, quand une maladie virale similaire à la dengue a fait son apparition sur l’île de Yap, en Micronésie. Ce fut la première épidémie de Zika. En 2013, il a poussé une pointe jusqu’en Polynésie Française, provoquant une seconde épidémie, plus vaste et présentant de nouveaux symptômes inquiétants, notamment des problèmes neurologiques graves comme le syndrome de Guillain-Barré (une maladie auto-immune inflammatoire du système nerveux).

Le virus s’est ensuite dispersé via des voyageurs depuis l’île jusqu’en France, au Japon, en Norvège et sur l’Île de Pâques notamment. On en a également retrouvé des trace en Nouvelle Calédonie. Tout ça a commencé à sérieusement inquiéter la communauté des maladies infectieuses et dès 2014, des chercheurs se sont mis à étudier le virus pour tenter de comprendre pourquoi il se répandait tout à coup avec une telle facilité, et surtout pourquoi ses symptômes étaient devenus soudainement très inquiétants.

On a ainsi pu découvrir que le Zika semblait avoir subi plusieurs phases de recombinaison (impliquant des changements dans son code génétique pour faciliter son adaptation), chose assez rare pour les virus de la famille des flavivirus à laquelle il appartient. Des modifications qui pourraient expliquer comment il a pu se propager via certains moustiques.

En mai 2015, l’OMS a confirmé que le virus s’était implanté au Brésil, première incursion en Amérique du Sud. On soupçonne qu’il fut importé lors de la coupe du monde de 2014. Fin 2015, les experts de la santé estimaient sa propagation à environ un million de personnes à travers le monde. Et l’on pense même qu’une inexplicable poussée de microcéphalies chez les nouveaux nés pourrait être un nouveau symptôme à attribuer au virus. Un constat qui a poussé les agences de la santé un peu partout sur la planète à déconseiller aux femmes enceintes de voyager dans les pays à risques.

On a également détecté certains cas aux États-Unis, même si pour le moment les experts ne craignent pas une épidémie dans le pays, principalement à cause des protections utilisées contre les moustiques (air conditionné, moustiquaires). En attendant, le CDC (Centre for Disease Control) et le NIH (National Institutes of Health) mettent les bouchées doubles pour faire progresser la recherche et tenter de comprendre comment fonctionne le virus, histoire de pouvoir commencer à bosser sur un vaccin efficace.

Mais on est encore loin du compte (au minimum quelques années) et pour le moment, la seule solution consiste à réduire drastiquement la population de moustiques dans les zones à risque. L’OMS tiendra un sommet exceptionnel ce lundi à Genève pour tenter de déterminer avec précision les liens entre le Zika, les microcéphalies et les conditions neurologiques, et envisager des recommandations pour lutter contre l’avancée de l’épidémie.

Source : Ars Technica.

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