Les machines prennent le pouvoir : découvrez deux morceaux de musique pop composés par une I.A.

Les « savants fous » du Sony Computer Science Laboratory de Paris viennent de publier les deux premiers morceaux de musique composés à l’aide d’une intelligence artificielle, plus précisément via FlowComposer, un outil basé sur l’apprentissage automatique (« machine learning »). Après s’être imposées dans le monde industriel, les machines sont-elles aussi sur le point de venir nous damer le pion sur le champ artistique ?

Le morceau que vous venez d’écouter, et qui sonne un peu comme un inédit des Beatles, a été entièrement composé par ordinateur. Mais quelle est donc cette sorcellerie, me direz-vous ? Je vous explique.

FlowMachines est un vaste projet initié par la filiale française du Sony Computer Science Laboratory basé à Tokyo, dont l’objectif principal est de développer des outils d’aide à la création musicale basés sur l’intelligence artificielle. Parmi ces outils, FlowComposer permet de choisir un style de musique, une durée et se charge ensuite de produire une ossature de morceau sur laquelle il ne restera plus qu’à faire quelques arrangements et greffer des paroles. Et ça, c’est le boulot du monsieur derrière le projet : le chanteur et compositeur français Benoît Carré.

Le processus est, sur le papier, assez simple : dans un premier temps, on « apprend » à la machine les « codes » de différents types de musique et les styles de certains compositeurs (principalement du jazz et de la pop, dans le cas qui nous occupe). Ces codes sont progressivement intégrés dans une base de données, baptisée LSDB (Lead Sheet Database), dans laquelle la machine pourra aller puiser en fonction des requêtes.

Il suffit alors de choisir ce qu’on veut produire (un morceau dans le style des Beatles, pour le premier, ou basé sur les grands compositeurs américains pour le second ci-dessus, librement inspiré de Cole Porter, Gershwin ou encore Duke Ellington). Et la touche finale à ces créations est apportée par l’humain, notamment en ce qui concerne les arrangements définitifs et la production globale (mastering, etc.). Il s’agit donc plus d’un travail de collaboration, même si le cœur des compositions est entièrement généré par l’IA.

Pour ceux que ça intéresse, le site FlowMachines regorge d’informations techniques détaillées sur les différents outils impliqués dans ce travail créatif. Un album complet devrait en outre voir le jour en 2017, pour juger du potentiel commercial d’une telle démarche.

Est-ce à dire que l’avenir de nos artistes de chair et de sang s’en trouve encore plus compromis ? Pas forcément. Pour rappel, les expérimentations autour de compositions réalisées par des machines ne datent pas d’hier. On se souviendra notamment du flop retentissant que fut la Partita for Unattended Computer (vidéo ci-dessous) de Peter Zinovieff, une première tentative de concert entièrement sonorisé par des machines, qui avait été présentée au Elizabeth Hall de Londres en 1967 et qui, pour rester poli, n’avait pas vraiment convaincu.

Pour sa part, Benoît Carré semble surtout vouloir mettre l’emphase sur l’aide précieuse que pourraient apporter les machines dans la composition, comme il l’explique dans la vidéo ci-dessous, où il se sert des outils pour l’assister dans la phase de création.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus : www.flow-machines.com.

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