Pub : Facebook se lance dans le gavage forcé

C’est bien connu : quand les gens n’aiment pas un truc, la meilleure manière de procéder, c’est DE LES FORCER A AIMER ÇA. Ça a marché pour vos mioches avec les épinards, non ? Oh wait.

facebook_ads.jpg

La pub sur le Net, le tout-gratuit, la bulle 2.0, les fantasmes de monétisation… On peut regarder où l’on veut, le constat est partout le même : le Net gratuit, c’était rigolo au début, mais aujourd’hui, on aimerait bien bouffer en fait, et on n’y avait pas trop pensé. Fair enough, comme disent les Anglois, mais ce serait bien de ne pas non plus faire n’importe quoi.

Facebook, toujours premier sur les idées à la con, s’apprête à lancer un nouveau « service » : après les vidéos qui se lancent automatiquement dès l’ouverture de la page (à désactiver illico, tant qu’on a encore le droit de le faire), le réseau social américain vous proposera bientôt la même chose pour les vidéos suggérées, qui se lanceront automatiquement une fois la vidéo originale regardée (pas en même temps évidemment, même si ce serait déjà plus rigolo).

Petite précision : ces « vidéos que vous allez kiffer » commenceront d’abord par une pub dont on ne pourra pas couper le son. Ha ben oui, évidemment. Parce que la contrainte, c’était clairement le truc qui manquait aux gens pour adopter massivement la pub en ligne et abandonner une bonne fois pour toutes l’utilisation d’Adblock et cie… Il suffit de voir l’agacement généré par le système de pub utilisé par Canal+ (qui agace surtout parce qu’il est pénible à contourner) pour comprendre que même dans ce cas, la pilule passe assez mal.

D’autant qu’a priori, l’utilité de la pub aux yeux du grand public n’est pas encore très claire. C’est en tous cas ce que nous apprend un récent sondage relayé dans un (mauvais) papier du Guardian : au Royaume-Uni, moins de la moitié des adultes savent que la pub finance le contenu gratuit en ligne. La même étude nous apprend que 73% des sondés trouvent que la pub en ligne perturbe leur navigation. Et les gens n’aiment pas ça ? Oh ben ça alors, c’est étrange.

Tout ça devrait au moins amener une grosse remise en question générale, non ? Facile à dire. Parce qu’après avoir été biberonnés à la gratuité pendant plus de 10 ans, les Internautes sont-ils prêts à repasser à la caisse pour du contenu de qualité, surtout quand ils pensent pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre (la gratuité sans les pubs) ? Le cynique qui est en moi a plutôt tendance à penser que c’est mort, que la qualité a eu une belle vie, mais que c’est fini maintenant, faut pas rester là, on veut du contenu tout de suite, des clics, plein, peu importe si les mots qui les génèrent ont un intérêt, voire du sens.

Mais qui sait, Obi-Wan, il reste peut-être un dernier espoir. Le boum du financement collaboratif prouve qu’à partir du moment où on réussit à bien identifier son public, on peut réussir à rentabiliser son contenu, sans pubs intrusives que personne ne veut voir. Le souci, c’est qu’à mon avis, pour parvenir à imposer un modèle payant généralisé, il va y avoir un gros boulot d’éducation des masses. Et je ne suis pas certain que la majeure partie des gens soient prêt à abandonner l’illusion du gratuit pour des infos plus pertinentes, mieux écrites, ou tout simplement authentiques.

Le gratuit, c’est concret; la qualité, c’est plus difficile à faire comprendre à Roger, votre ami Facebook qui adore linker des articles sensationnalistes parce que ça va lui donner son quart d’heure de gloire sur son Wall. Payer pour du contenu chiant qui fait pas de likes ? Mer il et fou!

Vous devriez également aimer…