Aurous : Flac ou voyou ?

Embrayant sur le succès de Popcorn Time, cette application qui permet de streamer des films (en toute illégalité) via le protocole Bittorent, Aurous se présente comme son pendant audio. Prometteur sur le papier, le service soulève toutefois des interrogations légitimes sur sa légalité.

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Ah, la musique en streaming ! C’est toujours un grand moment de schizophrénie quand il s’agit de parler de ce genre d’app. Mon côté mélomane se bastonne avec mon côté producteur, les deux ne voyant pas forcément les choses de la même manière.

On va donc essayer de dresser un portrait bi-goût d’Aurous, ce nouveau service de streaming audio qui devrait être disponible en version alpha dans les prochaines semaines.

Déjà responsable du moteur de recherche Strike, l’homme derrière Aurous, Andrew Sampson, est loin d’être un inconnu. Son idée est simple : utiliser la technologie qu’il a développé pour transformer le réseau Bittorrent en Spotify-like, et permettre à tout-un-chacun d’accéder à toute la musique de l’univers le plus simplement du monde, via un lecteur dédié ou son API.

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Les promesses sont nombreuses, et alléchantes :

  • app décentralisée (même si le site ferme, elle continuera de fonctionner) ;
  • moteur de recherche puissant, dérivé de Strike ;
  • pas de pubs ;
  • possibilité d’importer ses playlists Spotify, Pandora et YouTube, entre autres ;
  • gestion de votre discothèque locale et de nombreux formats (FLAC, MP3, WAV, OGG, etc.) ;
  • customisation puissante via une API dédiée et des plugins (Javascript, HTML5 et CSS) ;

Ça fait envie, non ? Maintenant, le revers de la médaille. Quid des producteurs, auteurs, compositeurs ? On se souvient encore avec effroi de Grooveshark et de son mépris absolu des ayant-droits, la crainte pour ceux qui font du son de voir le même drame se reproduire est donc légitime.

Sur le sujet, le créateur d’Aurous reste malheureusement assez vague :

Je suis persuadé qu’Aurous peut changer la donne. Nous pensons que le piratage est un problème d’accès, pas un problème d’argent, c’est pourquoi nous soutiendrons les artistes en linkant les morceaux à iTunes, Amazon ou Google Music, de sorte que les utilisateurs d’Aurous pourront facilement les acheter pour montrer leur soutien, tout en utilisant notre client pour profiter de leur musique.

Ambition louable, mais sans doute un poil hypocrite aussi. Se décharger du problème de la rémunération en proposant aux utilisateurs de mettre spontanément la main à la poche est à double-tranchant : ça suppose une prise de conscience soudaine des consommateurs de musique sur l’importance de rémunérer le boulot des artistes, mais d’un autre côté, c’est à mille années-lumière de l’infantilisation permanente dont font preuve les majors.

Est-ce que ça va fonctionner ? Est-ce qu’Aurous va véritablement amener un changement de perception chez le fan de musique ? Ou est-ce que le site va devenir un nouveau cauchemar à la Grooveshark, se réfugiant derrière le fair use et la décentralisation pour ne pas être inquiété par la justice ? On le verra à l’usage. Personnellement, je suis partagé. Mais j’ai envie de croire qu’un soft qui ne prend pas ses utilisateurs pour des idiots irresponsables peut être un premier pas dans la bonne direction. Ce premier pas que les majors ont bien du mal à faire…

Pour ceux que ça branche, il est possible de s’inscrire à l’alpha ici. Et il y du biscuit sur la techno utilisée à lire ici.

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