Apple TV : premières impressions. Premières déceptions ?

La nouvelle Apple TV a débarqué dans mon salon hier. Après un déballage fébrile – la bestiole est intégralement protégée pour devenir une usine à empreinte digitale dès la sortie du carton – et quelques secondes d’admiration devant la télécommande, il est l’heure de faire un premier bilan. Et j’ai bien peur qu’il ne soit pas aussi brillant que le boîtier…

Apple TV and Remote

Côté packaging, Apple sait toujours concevoir des écrins de qualité pour ses produits. Boîte noire matte avec logo satiné impossible à voir sans une bonne lumière (ahem…), emballage ultra soigné à l’intérieur, sticker qui protège le logo situé sous le boîtier (je ne plaisante pas) : on pense à tout chez Apple. Sauf à fournir un câble HDMI dans la boîte. Cette dernière contient l’Apple TV, le câble d’alimentation et un câble Lightning qui sert à recharger la nouvelle télécommande (et ça, c’est cool), elle aussi ultra emballée. La mesquinerie du câble HDMI, quand on vend la box TV la plus chère du marché, reste pénible, mais passons…

Plug’n’Play

L’installation est des plus rapides chez moi, qui dispose de l’ancienne version. Je débranche tout, j’utilise le même câble d’alimentation (l’alim elle-même a toujours été dans le boîtier), je rebranche la prise HDMI, et je laisse de côté le réseau filaire pour tester le WiFi, qui suffit finalement largement dans la plupart des cas.

Dès le branchement, la LED blanche s’allume et l’ Apple TV démarre. Bonne surprise, cette dernière me propose de lire les paramètres d’installation depuis mon iPhone. Il faut pour ça iOS 9.1 et activer le Bluetooth. La box récupère tous les paramètres nécessaires (WiFi, compte iCloud, etc.) et se met en ligne directement. Le bonheur. Je commence à naviguer dans les menus avec la nouvelle télécommande tactile, en utilisant mon pouce : la prise en main est immédiate.

Apple TV Top Movies

L’interface avec le petit mouvement 3D est finalement très réussie et permet de « sentir » quand on va passer au menu suivant.

WiiDevice

Les bruitages, activés par défaut, rappellent le truc le plus réussi de la Wii : ses sons et musiques d’ambiance côté OS. Bon, sans les musiques… Mais vous m’aurez compris : c’est ultra fluide, les mouvements des menus sont bien pensés et je me précipite pour voir s’ils ont corrigé le truc le plus débile des versions précédentes : la gestion de l’overscan. Je m’explique : quand on diffuse via AirPlay depuis un produit iOS vers l’Apple TV, on se retrouvait souvent avec une image plus grande que l’écran. Cela varie selon les applications, mais par exemple avec Twitch et une partie de Dota2 streamée, on se retrouve avec les portraits des équipes invisibles, la minimap amputée, etc. Impossible à regarder donc. Joie : il y a un bien un menu dédié (“Étalonner > Zoom et surbalayage”). Qui ne fait absolument rien à part afficher une mire qui vous montre ce que vous ne verrez pas, si comme moi votre TV refuse de modifier son affichage quand elle est branchée en HDMI. Je sais, elle est un peu vieille. Mais même la Steam Box permet de régler directement l’affichage, bon sang ! Après quelques tests et en réglant la diffusion côté AirPlay dans les settings, le problème reste exactement le même. Je dois être le seul à être furax à cause de ça, mais ça me soulage de vous en parler…

Apple TV - Film

L’interface est lisible et la navigation / visualisation des contenus est (enfin) rapide.

Doigt de fée

Apple TV - RemotePour me calmer, je porte ma concentration vers la télécommande. La “Siri Remote” en Bluetooth 4.0 renvoie à l’âge de pierre les bidules en plastique horrible que l’on trouve chez la concurrence, Roku en tête. Je pense qu’elle justifie à elle seule la différence de prix avec le reste du marché. Elle est équipée d’un double micro, d’un accéléromètre, d’un gyroscope, d’une surface tactile avec clic et de 6 boutons : Menu, Home, Siri, Play / Pause et Volume (+ / -). Cette remote est capable de piloter directement votre TV si elle est à la norme HDMI-CEC (Consumer Electronics Control). Une pression longue sur le bouton Home éteint l’Apple TV et votre TV. Une pression courte allume tout le monde et passe la TV sur l’entrée HDMI concernée. Un dispositif infra-rouge “à l’ancienne” dans la télécommande permet également d’envoyer les signaux directement à tout type d’équipement (TV, ampli, etc.) : on passe la Siri Remote en mode apprentissage dans les paramètres pour attribuer la gestion des touches de volumes au périphérique concerné, le tout en quelques secondes. Mon ampli est donc maintenant géré directement par cette télécommande et je ne vous cache pas que c’est ultra pratique.

Jusqu’ici tout va… hein ?

Côté hardware, rien à redire. C’est aussi efficace que prévu. Le CPU A8 est à des années-lumière de la génération précédente et ça se sent. Ça boot plus vite, la navigation entre les apps / menu est rapide et la qualité d’image est réellement au rendez-vous. Je vous laisse admirer les specs comme des grands et chouiner sur l’absence de 4K. Oui oui “chouiner”. La réalité du marché c’est qu’aucun contenu n’est disponible en 4K (ou presque) et que vous aurez le temps de changer 2 fois de matos avant que ça soit le cas. Sans parler de la connexion Internet nécessaire pour exploiter ce genre de truc en streaming. Quant à la grande question “64 ou 32 Go ?”, si vous ne comptez pas installer des centaines de jeux, 32 Go devraient suffire. Les Apps ne sont globalement pas gourmandes et le système d’App Thinning devrait permettre de limiter l’embonpoint de ce côté. Si comme moi vous aimez tester et garder plein de choses, 64 Go seront plus rassurants. Mais 229 euros au lieu de 179, ça fait réfléchir.

Apple TV - BackTout est donc génial au pays des pommes quand soudain “ET SI JE TESTAIS SIRI ?”. Et là, c’est le drame. Enfin presque : Siri comprend tout ce qu’on lui dit, la reconnaissance est toujours aussi bluffante pour les demandes courantes, y compris la météo. Mais l’implémentation dans l’Apple TV est une gigantesque usine à frustration. Comme Apple n’a pas ouvert la recherche de manière globale dans cette première version de tvOS, le problème c’est que ça ne fonctionne qu’avec les Apps officielles. “Affiche tous les films avec Bidule” ne fonctionnera donc qu’avec le catalogue iTunes et quelques partenaires privilégiés. Ça se résume à Netflix chez nous… Pire, ça ne fonctionne pas avec le service de musique ! Ne me demandez pas pourquoi. Mais on s’en passera, vu que ça n’était déjà pas glorieux sur iPhone, avec une reconnaissance des noms d’artistes ou de genres catastrophique.
“Affiche ma bibliothèque de K-Pop”
“Désolé, je ne trouve rien en capote.”

K-Pop watK-Pop Facepalm

Tour de Babel

L’expérience Siri fonctionne « presque », à condition de rester dans les clous. Tout le problème pour les ingénieurs d’Apple, c’est de savoir d’une part dans quelle langue vous allez parler (via les settings) et d’autre part à quel point vous massacrez les accents étrangers, anglais en tête. Comme pour le clavier iOS, être limité à une langue à la fois est souvent source de problème. Sur tvOS, le résultat est rarement impressionnant pour le moment, même en faisant des efforts. Mon exemple iOS avec “K-Pop” – qui est un genre reconnu et utilisé dans Apple Music – est parlant parce que c’est bien un ratage d’Apple et ça devrait être facile à faire comprendre à Siri ! Et c’est loin d’être un problème isolé. Quand on décide de mettre une reconnaissance vocale sur un outil pareil, il faut assumer et prévoir qu’un Topher Grace (Topé Graisse ? Grasse ? Tofé ? Tofeur ?) va être écorché dans tous les sens. Une correction automatique pour remettre dans l’ordre les ratages sur Zach Galifianakis serait aussi la bienvenue. Bref, la reconnaissance vocale (Siri ou Google hein, pas de jaloux) reste un domaine prometteur, mais qui génère encore bien trop de frustrations, surtout quand Apple restreint son usage de la sorte. Comme tvOS ne permet pas d’aller sur le Web, c’est bien votre smartphone ou tablette qui sera utile pour avoir des infos sur les acteurs de la dernière série à la mode ! À part être désolée, cette version Apple TV de Siri ne sait pas faire grand-chose et passe pour la cousine un peu débile de la version iOS.

Apple TV - Movies Siri

Apple ne ment dans aucune pub à propos de Siri. Mais ne tentez rien d’autre…

Écosystème en explosion

Si l’App Store de l’Apple TV ne dispose pour le moment que d’un peu plus de 1 000 apps, c’est déjà beaucoup pour un produit disponible depuis seulement quelques jours. Ce chiffre augmente rapidement et la bonne nouvelle pour les possesseurs d’autre(s) iDevice(s) c’est que pas mal de ces applications sont “universelles” : si vous avez déjà acheté la version iPhone ou iPad, vous pouvez télécharger gratuitement la version tvOS sur Apple TV. Pratique, en particulier pour les jeux, qui semblent du reste débarquer en masse et à des prix qui font sens pour les développeurs (une dizaine d’euros). Je suis pour la mort du F2P et des pubs dans mes jeux, donc pour moi c’est une excellente nouvelle, en tout cas si la qualité et les ventes suivent.Apple TV Store

Prometteuse, cette Apple TV accumule les frustrations à l’usage et respire le produit poussé vers la sortie avec des forceps, peut-être pour ne pas rater les fêtes. S’il ne fait aucun doute que le hardware était prêt, tout le software autour transpire la nuit blanche pour les développeurs. C’est particulièrement évident quand Apple “oublie” les détails qui font d’habitude tout le charme de leur écosystème. Un exemple au hasard : l’application “Apple Remote” sur iOS ne reconnaîtra pas cette nouvelle Apple TV. Rien de grave, sauf que ça signifie qu’il faudra rentrer tous vos passwords à la main via la télécommande de base, un exercice rapidement pénible quand on réinstalle tous ses services de streaming ou applications genre YouTube… La bonne nouvelle c’est que ce ne sont “que” des problèmes logiciels et qu’avec un peu de patience, ça devrait rentrer dans l’ordre. La chance d’Apple c’est que vu la concurrence, ils ont le temps de s’occuper de ça. Rien que l’arrivée d’une excellente version de Plex sur l’App Store fait de l’Apple TV un des meilleurs produits du genre, malgré tous ses défauts. Ça en dit long sur l’état du marché (y compris côté « Smart » TV) et sur la puissance de l’App Store.

Si mes 10 000 signes ne suffisaient pas, voici une review en anglais très plaisante à regarder, qui permet de bien voir le produit.

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