Sundance 2016 : Netflix et Amazon à la conquête du cinéma indépendant

Netflix et Amazon ont débarqué cette année au festival du film indépendant de Sundance avec la ferme intention de changer la donne. Et pour le moment, l’objectif est rempli. 2016 s’annonce d’ores et déjà comme une année pivot dans l’histoire du ciné indé, et les boites de streaming y sont clairement pour quelque chose.

Chaque année, le festival du film de Sundance (Utah, Etats-Unis) est l’occasion pour un bon paquet de réalisateurs indépendants de venir présenter leurs longs métrages et tenter de décrocher de juteux contrats de distribution avec les gros studios. Via un système de mise aux enchères, chaque titre présenté a l’opportunité de signer un deal qui lui assurera par la suite un accès aux réseaux de salles de projection du pays, une étape essentielle pour trouver son public et récolter les lauriers d’un dur labeur.

Mais si d’habitude ces enchères voient s’affronter les studios traditionnels (Fox, Sony, etc.), cette année a vu l’arrivée en grande pompe de deux nouveaux outsiders sur un marché qui n’était a priori pas le leur : Netflix et Amazon.

On savait déjà les deux sociétés au taquet niveau production de contenu original, particulièrement à destination du petit écran, avec des titres désormais célèbres comme Transparent pour Amazon, ou House of Cards et les séries Marvel chez Netflix. Mais les deux géants du streaming ont semble-t-il également développé un appétit nouveau pour le grand écran.

Alors qu’ils étaient complètement absents de la scène du festival les années précédentes, on ne parle désormais quasiment plus que d’eux. En cause, une politique très agressive d’acquisition de droits qui a entraîné une envolée des prix. Pour s’octroyer le droit de distribuer Manchester by the Sea, le nouveau film de Kenneth Lonergan, produit par Matt Damon, et dont on parle déjà beaucoup comme d’un sérieux candidat aux Oscars, Amazon a sorti un gros chèque de 10 millions de dollars, rien que ça.

Birth of a Nation, de Nate Parker.

Birth of a Nation, de Nate Parker.

De son côté, Netflix s’est lancé dans un bras de fer avec Fox Searchlight pour récupérer Birth of a Nation, le très attendu long métrage de Nate Parker sur la révolte des esclaves aux Etats-Unis en 1831. Et même si le réalisateur a finalement décidé d’accorder sa préférence à la Fox, et donc à un studio classique, l’arrivée de Netflix dans la partie a fait exploser les tarifs, faisant monter l’addition à un sympathique 17,5 millions de dollars, soit la plus grosse offre jamais consentie pour un film présenté à Sundance.

Pour le profane, tout cela peut sans doute sembler anodin, mais il s’agit pourtant d’un indice clair d’une tendance nouvelle qui devrait a priori se confirmer en 2016 : la mainmise de plus en plus importante des sociétés de streaming sur les canaux de distribution classiques du cinéma.

Clairement, les deux sociétés n’ont pas planté leur tente à Sundance pour rigoler : Netflix repart pour le moment avec trois films sous le bras, Amazon quatre, tandis que la plupart des studios traditionnels se contentent d’un seul titre. En parallèle, les budgets alloués à la production de contenu sont également en pleine explosion : on parle d’investissements à hauteur d’un imposant 6 milliards de dollars pour Netflix en 2016. A titre de comparaison, HBO avait investi 2 milliards en 2015, et c’était déjà beaucoup.

Après avoir conquis la télé, les acteurs du streaming semblent en bonne voie de faire main basse sur le cinéma indépendant. Prochaine étape : les blockbusters ? Hollywood a en tous cas de bonnes raisons de trembler…

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