The Screening Room : quand le créateur de Napster s’attaque à Hollywood

Sacré Sean Parker… Après avoir révolutionné (selon ses propres dires) l’industrie musicale au début des années 2000 avec Napster, le voilà qui s’apprête à donner à présent un grand coup de pied dans la fourmilière ciné avec The Screening Room. Et face à cette nouvelle initiative, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Hollywood est plutôt divisé.

The Screening RoomQue diriez-vous de pouvoir mater les dernières sorties ciné depuis le confort de votre canapé, le jour de leur disponibilité en salles, contre la modique somme de 50$ ? C’est le projet un peu fou annoncé par Sean Parker au début du mois.

Parker, tout le monde le connaît, surtout depuis que le personnage s’est vu populariser par l’ami Justin Timberlake dans le film The Social Network. Fondateur de Napster en 1999, une aventure qui secouera l’industrie du disque, l’homme sera également le premier à croire en Facebook dont il officiera en tant que premier président dès 2003. Sans oublier ses billes dans d’autres grosses boites du web, comme Spotify. Bref, il est partout et indissociable de l’histoire des interwebs.

Sean Parker

Sean Parker, l’homme qui aimait secouer les cocotiers.

Sa nouvelle marotte : offrir aux gens la possibilité de découvrir les nouveaux longs métrages des studios sans devoir se déplacer dans les salles obscures. Pour 50$, The Screening Room vous proposera, via un hardware dédié, de profiter par exemple de Civil War dès le 27 avril, le postérieur confortablement installé dans votre canapé.

Sur le papier, la somme demandée peut sembler démesurée, surtout si on la compare au prix moyen d’une place de cinéma ou d’un disque Blu-ray. Mais à y regarder de plus près, ce n’est finalement pas si cher que ça : une excursion dans les salles obscures pour une famille de quatre personnes, popcorn compris, revient à peu près à la même chose. Sauf que là, vous êtes chez vous, avec votre matos et votre pack de bières sous la main. De quoi sérieusement hésiter…

Et il faut croire qu’à Hollywood, on a bien senti que le projet avait du potentiel. Certains, comme Martin Scorsese, Steven Spielberg, Peter Jackson et J.J. Abrams, s’en réjouissent, soulignant qu’il s’agira sans doute d’une bonne manière d’éradiquer les canaux de distribution illégaux. D’autres, emmenés par James Cameron, Roland Emmerich, Christophe Nolan et M. Night Shyamalan, y sont farouchement opposés, invoquant au contraire un risque accru de favoriser le piratage à grande échelle.

Deux logiques s’opposent donc, comme en témoignent les déclarations ci-dessous :

La logique semble être que, vu qu’ils rendent le film disponible à la maison, ils ôtent aussi toute raison de le pirater. Pour une location de 2$, il n’y a sans doute pas beaucoup de raison de voler un film, mais s’il coûte 50$, il y a un paquet de raisons de le faire. (Vétéran anonyme de l’industrie ciné, interviewé par Deadline).

Screening Room va étendre le public d’un film, pas le déplacer du cinéma vers le salon. (Peter Jackson, interviewé par Variety).

Un partout, balle au centre. Et il n’a pas que du côté des réalisateurs qu’on se déchire, les acteurs ont aussi leur mot à dire sur la question, comme en témoigne cette discussion entre Hugh Jackman et Taron Egerton, recueillie par nos confrères de Metro.

Même en dehors des États-Unis, on s’inquiète de la mise à disposition d’une telle offre. La UK Cinema Association, qui regroupe plus de 90% des salles britanniques, défend bec et ongle son gagne-pain, invoquant elle aussi un risque accru de piratage et une désertion des cinoches.

Mais curieusement, peu de médias s’intéressent finalement à l’avis de ceux qui vont compter dans la réussite ou non du projet : les spectateurs. L’occasion de vous poser la question : seriez-vous prêt à investir 150$ dans une box qui vous permettrait ensuite de visionner les films le jour de leur sortie dans votre salon ou sur votre laptop sous la couette, en échange d’un billet de 50 euros ? Parce que moi, franchement, je me tâte…

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