Proxima Centauri b : une planète habitable similaire à la Terre ? Holà, pas si vite…

Depuis hier, suite à la publication d’un papier sur le site Nature.com, le web est en ébullition : on aurait découvert une exoplanète habitable, jumelle de la Terre, autour de Proxima Centauri, l’étoile la plus proche du système solaire. Cela veut-il pour autant dire qu’on peut définitivement faire exploser la nôtre et migrer en direction de ce nouveau monde ? Si seulement…

TerreGrâce à l’excellent site Ça se passe là haut (agrégé sur la non moins excellente communauté de blogs scientifiques Café des Sciences), décryptons cette découverte qui, toute intéressante qu’elle soit, n’en est pas moins relativement anodine et loin du sensationnalisme affiché ci et là sur la toile.

Rappel des faits

Proxima Centauri b (c’est son petit nom) est une planète tellurique (composée de roches et de métal) découverte en orbite autour de Proxima Centauri (une naine rouge située dans la constellation du Centaure, mais également l’étoile la plus proche du système solaire).

Elle est très exactement située à 4,2 années-lumière de notre planète et aurait une masse au minimum 30% supérieure à celle de la Terre (ça pourrait être plus, on n’en sait encore rien).

Cette découverte annoncée officiellement ce 24 août remonte en réalité au mois de mai dernier, date à laquelle le papier scientifique a été remis au journal Nature.

Pourquoi ce n’est pas si extraordinaire que ça ?

Déjà, parce qu’on sait grâce aux observations rendues possibles par le télescope Kepler que notre galaxie abrite probablement entre 10 et 20 milliards de planètes du même type que la nôtre (certains avancent le chiffre de 17 milliards, mais ça reste de la spéculation pour le moment). Mais du coup, ce n’est pas franchement une surprise s’il s’avère qu’une de ces « planètes jumelles » orbite autour de Proxima Centauri.

Ensuite, parce que 4,2 années-lumière, c’est tout de même encore très très loin. À titre d’exemple, Juno, notre sonde la plus rapide à ce jour, mettrait pas moins de 20.000 ans pour y parvenir.

Si elle se situe bel et bien dans une zone dite « habitable », cela ne veut en aucun cas dire qu’elle l’est. Cela signifie simplement que sa position remplit une condition importante à la vie, à savoir l’existence potentielle d’eau liquide à sa surface. Mais pour le moment, on ignore encore si c’est le cas.

Pour qu’on puisse envisager de s’y installer, il faudrait en outre qu’elle soit adaptée chimiquement et physiquement, c’est à dire que son atmosphère soit constituée des bons éléments et que la pression et la température y soient adéquats pour la vie humaine. Là aussi, on n’en sait encore rien.

D’après les informations dont on dispose aujourd’hui, il est probable que Proxima Centauri b soit en rotation synchrone, c’est à dire que c’est toujours le même hémisphère qui fait face à la naine rouge. Du coup, cela induirait des températures un poil trop extrême d’un hémisphère à l’autre pour y envisager d’y vivre. Sans compter l’influence bien connue des éruptions de naines rouges, et les effets atmosphériques néfastes découlant d’un fort rayonnement.

Qu’est-ce qu’il reste à faire alors ?

Le boulot des astronomes va maintenant être de réussir à déterminer si Proxima Centauri b dispose bel et bien d’une atmosphère, évaluer sa taille, sa densité et d’en déduire sa composition. Peut-être dans un avenir pas trop éloigné avec nos futurs grands télescopes, mais pour le moment, on est encore loin du compte.

Pour ceux qui rêvaient de prendre la première fusée pour ce nouvel Eden en espérant aller y couler leurs vieux jours, je suis donc au regret de vous annoncer qu’il faudra sans doute encore quelques siècles de patience.

Source : Ça se passe là haut (via Café des Sciences) (et merci à PERECil pour son aide et son « Cil of Approval »)

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