PlayerUnknown’s Battlegrounds : 1 million d’acheteurs pour un jeu laid et pas terminé

Il est moche, un peu mou, bugué jusqu’à l’os, ses bruitages sont parfois risibles et pourtant c’est un carton commercial incroyable. L’early access de PlayerUnknown’s Battlegrounds (PUBG) s’est déjà vendu à plus d’un million d’exemplaires en 16 jours sur Steam. Découvrez ce “Battle Royale” développé par les Coréens de Bluehole Studio (Tera), sous la houlette de Brendan Greene, un ex-développeur de mods gratuits.

player unknowns battlegrounds banner

Brendan Greene peut se féliciter d’avoir lancé à lui tout seul ou presque la mode des jeux façon “Battle Royale”. Il a commencé par un mod pour DayZ (qui était déjà lui-même un mod d’Arma 2), puis a réitéré l’expérience sur Arma 3, avant d’aller bosser avec Daybreak Studios pour s’occuper de la partie ”King of the Hill” de H1Z1. PlayerUnknown’s Battlegrounds est son premier titre qui ne soit pas un mod dépendant d’un autre jeu. Visiblement, les fans attendaient ça depuis un moment.

Highlander

PUBG Design

Je ne vais pas vous mentir : c’est plus joli en 2D…

Le principe est simplissime, comme le scénario du bouquin qui donne son nom au genre. On lâche des joueurs (jusqu’à 100) sur une ile, et le dernier vivant gagne. Pour survivre, il va falloir explorer la carte pour trouver des armes, des protections, de quoi se soigner et exploiter au mieux votre environnement pour avoir un avantage sur les autres joueurs. Ou équipes des joueurs ! Car on peut former des teams de 4 joueurs maximum, ce qui change complètement la dynamique du gameplay comparé à l’expérience solo. Seul, on est plus en mode lapin craintif qui navigue de terrier en terrier pour sauver sa peau. Si vous aviez déjà en horreur les mecs qui se planquent derrière une caisse dans Counter-Strike, sachez que dans PUBG, certains sont capables de se cloitrer dans des chiottes pendant 20min… En groupe en revanche, on chasse plus facilement, jusqu’à tomber sur une team mieux armée, plus maligne…

Pour forcer les joueurs à se battre jusqu’au dernier, la carte se rétrécit pendant la partie. Une zone “habitable” de plus en plus petite, matérialisée par un cercle blanc sur la carte, est votre véritable ennemi. Sa frontière, qui bouge régulièrement, est visualisée comme un champ de force dans le monde de PUBG. Coincés dans le même coin de carte, les survivants se livrent alors à des combats sanglants. À l’extérieur du champ de force, votre barre de vie descend graduellement. Les dommages sont en fonction de la taille de la zone : en début de jeu, on peut y survivre sans trop de problèmes quelque temps, mais en fin de partie, c’est la mort assurée. Je vous passe les autres idées pour vous forcer à sortir de votre cachette, comme le largage de colis remplis d’armes et autres kits de survie, ou encore les bombardements de zone complètement random.

PUBG - Tapis-herbe

Voilà. En solo, vous allez passer des heures à garder des portes. Et à tenter de comprendre comment l’herbe pousse dans ce tapis…

Unreal Engine WTF édition

Techniquement, PUBG est loin d’être impressionnant. C’est moche comme le coin de Russie que c’est censé représenter. Les bugs sont légion et ça sent très fort la peinture fraiche. Un exemple ? Le mode “Fullscreen Windowed” qui ne fonctionne pas correctement si vous avez votre barre des tâches Windows ailleurs qu’en bas. Et ça, ce n’est qu’un petit bug de rien du tout, juste la preuve que cette version Early Access n’usurpe pas son nom. Crash et freeze sont encore très communs. Si vous investissez 30 euros dedans, il faut savoir à quoi vous attendre. Le truc le plus raté actuellement : les bruitages des véhicules, qui sont tous absolument pitoyables. Des variations sur le thème du bourdonnement infâme.

PUBG - Snipe

« Gamin, revient gamin, sort de ta cachette ! »

Ça n’empêche pas PUBG d’être diaboliquement prenant malgré sa médiocrité. Une partie débute par un largage en avion, dont le plan de vol change à chaque fois. On apprend rapidement à choisir soigneusement les zones les plus calmes, tout de même susceptibles d’offrir de quoi s’équiper correctement. Chaque maison est un piège potentiellement mortel quand on n’a encore aucune arme en main. Demandez au mec que j’ai sauvagement massacré à la poêle à frire… Je n’avais même pas eu le temps de mettre des balles dans le fusil à pompe que je venais de trouver ! Il a fallu improviser. Chaque adversaire vaincu est une source de ravitaillement puisqu’on peut piller son équipement, ce qui est particulièrement important en fin de partie, quand les kits de soin se font rares…

Gloire au vainqueur

Malgré ses défauts, PUBG force le respect, surtout quand on sait que le jeu est en développement depuis moins d’un an. Les développeurs de Bluehole, fidèles à leur réputation de bosseurs coréens, enchaineraient les journées de 14h comme des forçats pour faire avancer le développement au plus vite, tout en limitant la taille de l’équipe. J’espère qu’ils verront la couleur des billets verts : ce titre a généré 11 millions de dollars de recettes sur ses 3 premiers jours de vente. En moins de trois semaines, PUBG est capable de remplir instantanément des parties qui nécessitent 100 joueurs, et ronronne autour de 70 000 connexions simultanées, avec déjà un pic à pratiquement 90 000.

Faut-il foncer ? Si vous adorez le genre et les décharges d’adrénaline sans avoir à faire preuve d’une habilité légendaire à la souris, ça se tente. Sinon, ouvrez votre liste Steam, regardez votre pile des jeux à peine effleurés et attendez tranquillement quelques semaines (mois ?) de plus, que PUBG murisse.

 


Tips : si vous craquez tout de même, évitez de jouer avec les graphismes au maximum… Votre GTX 1080 ne servira à rien ici : vous risquez de vous cacher dans des buissons qui n’existent pas pour votre adversaire ! Rassurez-vous, les modes compétitifs forceront le même niveau de détail pour tous. Autre astuce : CTRL+T pour couper le chat vocal. Ne pas le faire achèverait chez vous toute forme de respect pour l’humanité. De rien.

Pour aller plus loin : interview de Brendan Greene

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