Arena of Valor : que vaut vraiment le clone mobile de League of Legends ?

Comme annoncé il y a environ un mois, Honor of Kings a débarqué dans l’Hexagone, finalement sous le nom “Arena of Valor”. On va enfin pouvoir goûter du bout de la langue cette soi-disant drogue chinoise, qui semble hypnotiser les joueurs par millions, siphonnant au passage leurs revenus via une mécanique de Free2Play bien huilée.

Vous trouverez une galerie d’images en fin d’article.

Disponible sous iOS et Android, ce MOBA débarque dans un marché bien encombré. On trouve en effet une tonne de clones de LoL, souvent simplifiés à l’extrême, sur les différents stores d’Apple ou Google. Dans la masse, le seul titre original, qui fait même l’effort d’organiser des compétitions internationales, c’est Vainglory, qui malheureusement descend de plus en plus bas sur la pente savonneuse du Pay2Win. La frontière entre Free to play et Pay to win est bien mince, on ne le dira jamais assez… Arena of Valor flirte avec cette frontière de manière plutôt intelligente, mais ne vous méprenez pas : ce genre de jeu a en point de mire votre numéro de carte bleue !

Une découverte en douceur

Dès les premières parties, on voit la différence entre Arena of Valor et les clones moins évolués. La prise en main du joueur est parfaite, avec une découverte progressive des différents menus et aspects du jeu. Tout est fait pour éviter une courbe d’apprentissage trop violente. On comprend rapidement comment le titre fonctionne, ses différents modes de jeu, les options disponibles, etc. Du reste, la liste des modes de jeu est une bonne surprise, vu sa richesse. Ça va du 5v5 classique en passant par du ARAM bête et méchant, mais aussi du 1v1 et du 3v3 simplistes qui permettent de faire des parties de 5 minutes. Sans oublier un mode temporaire, “la Folie des crochets”, qui n’est ouvert que le week-end.

Un poil familier non ?

Vu la tête de la page d’accueil quand tout est déverrouillé, heureusement que Tencent, l’éditeur d’Arena of Valor, ne balance pas les joueurs dans le grand bain dès le départ ! Évidemment, en haut des menus, on trouve l’inévitable shop. Il sert principalement à acheter des héros et des skins. Il faut noter que les héros sont, comme dans LoL, récupérables avec une monnaie virtuelle gagnée pendant vos parties (l’Or). On en trouve des pas trop chers (moins de 8 000 pièces) mais les nouveautés vont de 13 888 à 18 888 piécettes, ce qui se traduit par des dizaines d’heures de jeu…

Théoriquement, on peut donc débloquer ces éléments de gameplay gratuitement, si on y passe sa vie. OUI, MAIS. Parce qu’évidemment il y a un “mais”, ça serait trop simple sinon…

Il existe en fait 2 autres types de monnaie dans AoV : les gemmes et les coupons. Les gemmes se gagnent en terminant des “quêtes” (finir le tuto par exemple) et permettent d’acheter tout un tas de trucs, comme des tickets pour doubler l’Or que vous amassez en fin de match ou booster les gains d’XP de votre compte. Monter en niveaux permet de débloquer des emplacements d’Arcana, qui sont une copie des runes de LoL. Il est donc possible de devenir de plus en plus fort via ce système, qui devient rapidement important pour les gros joueurs qui veulent optimiser l’efficacité de leurs héros.

En revanche, les coupons s’achètent uniquement avec vos brouzoufs durement gagnés dans la vraie vie… Disponibles en packs de 100 à 14 000, les prix vont de 1 à 110 euros ! Et le “mais” dont je parlais plus haut est lié au fait que certains héros ne sont disponibles que contre des coupons ! De 699 à 1 199, voire 1 799 pour un Batman… Soit environ 18 euros le perso. Ouch.

La première dose est gratuite

Arena of Valor 02

Arena of Valor semble plutôt généreux en héros « gratuits »… Enfin tout dépend du prix que vous donner à votre temps libre !

Comme tout bon dealer, Tencent connait les ficelles pour rendre accros ses clients… Tout un système est en place pour fidéliser le joueur et lui offrir relativement rapidement un pack de héros qui vont couvrir les principaux rôles d’un MOBA (tank, dommages, soin, etc.). Pour ça il suffit de jouer, et si possible tous les jours. Sur les 44 héros actuellement disponibles, Tencent va ainsi en “offrir” une petite vingtaine. Attention, il est possible que cette générosité soit liée au lancement du jeu ! Les informations à ce sujet ne sont pas très claires. En tout cas, vu le nombre de Batman que j’ai croisé, il semblerait que la vente de personnages ne soit pas un problème pour tout le monde ! Comme pour les autres MOBAs dont les persos sont payants, AoV propose en plus de tout ça une rotation de héros “gratuits” qui change toutes les semaines.

Les skins suivent le même modèle économique que les héros, il faut bien manger ma bonne dame. Un système des plus classiques donc, que l’on retrouve de Dota2 à Heroes of the Storm. A priori, AoV offre plus de choses gratuites et “débloquables” que bon nombre de ténors du genre. De quoi fidéliser les joueurs les plus patients.

Mais c’est de la bonne au moins ?

La carte 3v3 a une jungle que je vous conseille d’ignorer pour rouler le plus vite possible sur l’équipe adverse.

Côté gameplay, AoV diffère largement de Vainglory : on déplace son héros avec un joystick virtuel, et les sorts, au nombre de 3, sont du côté du pouce droit. Il faut ajouter à ça des “skills” supplémentaires, toujours comme dans LoL : rappel à la base, un talent au choix (à choisir parmi 10, calqués sur les talents d’invocateur de LoL) et un sort de soin qui reboost au passage votre mana. En tout cas pour les persos qui en utilisent, c’est à dire une grande majorité d’après ce que j’ai pu voir.

En mode “débutant”, on peut automatiser un maximum de choses : vos skills viseront directement les héros adverses à votre portée par exemple. Il est possible de customiser les règles d’action de vos sorts, mais je vous conseille de rapidement passer en mode manuel pour gérer les combats plus finement. C’est même indispensable avec certains persos ! Ceux avec des sorts de charge par exemple… À moins que vous vouliez continuer à foncer vers vos adversaires alors qu’il serait possible de vous enfuir avec ce même sort en cas de pépin.

Arena of Valor 04

Non, tous les persos féminins n’ont pas des armures avec protection sélective. Mais les designers savent quoi faire pour vendre certaines skins…

En 5v5, on se retrouve devant un MOBA taillé pour mobile : plus simple sans être trop simpliste, on a bien un LoL-Like qui permet la mise en place de plans de jeu classiques. La carte est également plus légère en bâtiments à détruire, pour permettre des parties plus rapides. La diversité des héros permet de varier les plaisirs, mais stratégiquement parlant, on est évidemment très loin d’un Dota2.

Choisir son arme de guerre

Comme sur PC, le monde iOS et surtout Android est injuste. Ça se voit dès le chargement d’une partie : sans avoir les derniers produits Apple, mon iPad Air 2 et mon iPhone 6s Plus sont à 100% rapidement, mais il faudra souvent attendre ceux qui jouent sur des trucs plus anciens ou bas de gamme. Si un équipier se traîne un vieux téléphone Android, il risque d’avoir également du mal à vous suivre sur certaines actions s’il n’a pas réglé ses options graphiques correctement. Amusant de voir que l’on retombe dans des problématiques de jeu PC avec ce genre de titre iOS / Android…

Yep, sur mobile aussi il va bientôt savoir régler ses paramètres !

AoV donne logiquement sa pleine mesure sur des téléphones XXL puissants ou iPad (je passe pudiquement sur le monde désolant de la tablette Android). Il faut du reste saluer le boulot de Tencent pour garder le jeu lisible sur les écrans les plus réduits. Ils ont également fait l’effort d’indiquer à tout moment la qualité de votre réception et votre ping. De quoi vous prévenir que non, une partie chez Mamie au fond de la creuse, avec une connexion vaguement Edge ne sera pas possible, n’essayez même pas !

Alors on se fait une ligne ?

Si j’ai pris le temps de faire ce test, c’est qu’évidemment j’ai suffisamment accroché au jeu pour en tartiner quelques pages. Sachant que je déteste LoL et que j’adore Dota2, ça peut surprendre, mais enchaîner les parties vautré au fond de son canapé a un certain charme. On trouve vite ses marques tant AoV n’invente rien, mais tout est suffisamment bien ficelé pour qu’on s’en moque. Si vos équipiers font n’importe quoi, les parties seront si courtes que vous n’aurez pas le temps de trop rager, et AoV permet de se rendre si la situation devient ridicule.

Si on sait résister à l’appel des skins et autres héros payants, on se trouve donc face à un MOBA efficace et suffisamment généreux pour en profiter sans sortir la CB. Est-ce réellement une drogue ? Non, évidemment. Mais je comprends sans mal pourquoi les joueurs les plus jeunes risquent de scotcher sur leur téléphone avec un titre de ce calibre, qui en plus a été assez malin pour intégrer les indispensables de notre époque : gestion de guildes, liste d’amis et chat texte en temps réel. Sans oublier un truc que personne n’utilise en Europe faute de parler la même langue : un système de communication vocal intégré ! Qu’on accroche ou pas, difficile d’ignorer le boulot effectué sur ce titre par Tencent.

 


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