Vendredisques : édition du 27/10/2017

Cette semaine, on se fait un petit voyage dans le temps. Pour se poser dans un pays fait de paillettes, de poses équivoques, de riffs de guitares acérés, de pantalons moule-burnes et de boots aux talons dantesques…

Matt's Platforms

Les « platforms » authentiques de Matt…

À la base, le glam-rock n’est pas cette scène métal née à LA dans les années 80 comme beaucoup le croient. Le glam, ou glitter rock, c’est cet enfant bâtard du rock’n roll et du psychédélisme qui a mis à pied les charts anglais au début des années 70.

Pendant que les hippies se délectaient de retour à la nature et de performances musicales, une scène pour teenagers s’est formée le temps de quelques singles pour nous offrir l’une des plus belle collection de hits effrontés de la jeune histoire de la pop culture.

Le glam a enfanté le punk anglais, sûrement autant que les Stooges, le Velvet Underground ou le garage punk sixties US… Bowie et les Spiders From Mars, T.Rex, Sweet, Sparks, Suzy Quatro, Roxy Music, Alvin Stardust, Mud, Gary Glitter, Wizard, Mott The Hoople…. Alice Cooper ou les New York Dolls aux US, Alain Kan ou Patrick Juvet en France. Le glam, c’est juste un shot d’adrénaline. À écouter à volume maximum, platform boots aux pieds de préférence….

T.Rex – 20th Century Boy
(Deezer)

Gros Riff, petit cri de vierge effarouchée et, tout de suite, ces claps énormes, qui sont bien réels et ne sortent ni d’une 808, ni d’une 909 (les claps étaient à l’époque encore humains, même si traités de la manière dont les machines les restitueront par la suite)… En quelques mesures, le petit génie du son Tony Visconti invente le son T.Rex. Rajoutez une couche de choeurs ou de violons pour enrober la voix soyeuse et la Gibson Les Paul de Marc Bolan, et vous obtenez ce son parfait. Marc Bolan, le pote de Bowie, a essayé de s’imposer à la fin des années soixante avec une folk typiquement british. Il réussira en inventant le glam, en mélangeant son obsession pour le monde de Tolkien au rock’n roll originel. Il mourra en 1977 en nous laissant une poignée d’albums et de titres totalement parfaits.

Suzy Quatro – Can The Can

Venue de Detroit à Londres pour se lancer en solo, la jeune américaine va connaître le succès en Angleterre grâce aux compositions et à la production du duo prolifique Chinn-Chapman. Ils sont en effet responsables d’une bonne moitié des hits glam de l’époque, avec les groupes Sweet et Mud en particulier. Puissance rythmique, refrains imparables et gimmicks à outrances, leur prod renoue avec l’essence sauvage des pionniers du rock. Lorsque le glam s’éteint, Suzy Quatro continuera d’enregistrer des albums sympathiques (et plutôt country-rock, les allemands adoraient ça), sans jamais retrouver cette sauvagerie parfaitement incarnée dans ce « Can The Can » intense, comme vous pouvez l’entendre sur le Spotify de l’artiste.

Sweet – Ballroom Blitz
(Deezer)

Bon, là, c’était pas facile.. « Gudbuy T’Jane » de Slade ? « This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us » des Sparks ? Ou « All The Young Dudes » écrit par Bowie pour Mott The Hoople ? J’ai finalement choisi « Ballroom Blitz » des Sweet, probablement le meilleur titre signé Chinn-Chapman. Sur leurs albums, les Sweet jouaient un hard-rock technique et lyrique finalement pas si éloigné de Queen. Mais c’est leurs singles qui ont dynamité le cœur des ados anglais qui formeront quelques années plus tard les premiers groupes punk.

Voilà pour le glitter. J’espère que les plus jeunes auront découvert un genre souvent boudé par les journalistes rock et les encyclopédies. À la semaine prochaine.

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