Découvrez Vero et pourquoi on en parle deux ans après son lancement

Financé par le milliardaire libanais Ayman Hariri (fils du Premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005), Vero est un énième concurrent de Facebook, Twitter, Instagram & co. Lancé en juillet 2015 dans l’indifférence générale, ce réseau social fait vaguement parler de lui en 2017 pour finalement se faire remarquer en février 2018, avec une croissance de 300% dans les recherches Google. Pourquoi ? Grâce à la magie d’un vieux truc marketing qu’on appelle FOMO (Fear of Missing Out en anglais). La bonne vieille peur de rater un truc important, une bonne affaire, saupoudrée d’un ras-le-bol des réseaux classiques. Pour créer ce phénomène, rien de mieux que d’agiter le drapeau “derniers jours gratuits !” devant les utilisateurs potentiels.

Vero Banner

Chez Vero, on rase gratis, mais uniquement le premier million d’inscrits. Après, rentrer sur ce réseau social “différent” sera payant. Ce simple message – associé à l’arrivée de quelques influenceurs qui “abandonnent” Instagram pour la semaine ou la durée de leur contrat j’imagine – aura suffi à faire exploser les serveurs qui gèrent l’application. Aujourd’hui, impossible de faire une recherche pour ajouter un ami sans avoir un message d’erreur. Visiblement, la mayonnaise a pris.

Pourtant, rien de nouveau sous le soleil. Vero se veut un réseau social payant (à terme), “presque” sans pub, avec une gestion des posts chronologique, la possibilité de partager des photos avec un filtre (du jamais vu, ahem…). Le service souffre même d’un paquet de manques, pour un truc qui a déjà presque 3 ans d’existence : pas de version Web, pas de version tablette, et une infrastructure visiblement perfectible… Quant au “presque” sans pub, il est lié au fait que les marques pourront proposer des comptes dédiés, avec la possibilité de linker et d’acheter directement les produits depuis l’application. Business is business. En revanche, on nous promet qu’aucune collecte de données n’est effectuée. Ça serait inutile vu l’angle du service, et en 2018, ça devient un argument marketing important.

Tous ces éléments ont déjà été vus ailleurs. Path se voulait plus intimiste et agonise depuis 2015 (et son rachat par le géant coréen Kakao), App.net était payant et est mort depuis un moment malgré une communauté de fans bruyante à l’époque, Ello s’est transformé en communauté pour artistes, Mastodon fait son trou dans certains secteurs mais ne décolle pas, etc. Dans ces conditions, difficile de parier sur le succès de Vero, malgré une interface plutôt attractive, mais qui rend toute consultation de feed un peu chargé très (très) longue. Sans parler du fait que dès l’ajout de vos premiers amis, il va falloir faire la distinction entre “ami”, “ami proche” et “connaissance”. L’intérêt est de gérer finement ce que vous partagez, et avec qui. Bon courage pour faire le distinguo et “noter” vos relations, sans parler de la nature fluctuante de ces dernières…

À part pour les fans de Zack Snyder, difficile d’y voir un intérêt donc. Comme vous pouvez utiliser le nom que vous voulez (votre identité est liée à votre numéro de téléphone et votre mail), il est même inutile de vous précipiter pour réserver votre pseudo préféré. La seule chance de succès d’un service comme Vero repose finalement sur la taille des boulettes que feront Facebook, Instagram & co. Même les utilisateurs pas forcément experts en tech commencent à réaliser qu’ils aimeraient bien garder le contrôle de ce qu’ils voient et ne pas avoir à supporter un algorithme capricieux pour ça… Sans ce déclic, aucune chance de survie pour Vero, même avec le meilleur marketing du monde.

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