Documentaire retrocomputing : The Commodore Story

Depuis quelques années, Kickstarter est devenu le moyen le plus simple pour les fans de financer des documentaires (ou livres) sur leurs machines préférées. Emballement général, succès des financements, on se dit qu’il va suffire d’attendre le produit final pour déguster tranquillement des images chargées en nostalgie. Le problème, c’est que beaucoup de ces “réalisateurs” n’ont jamais fait un documentaire de leur vie. Et ça se voit ! Même souci côté bouquins, où le pire côtoie le meilleur… Voyons comment The Commodore Story s’en sort et s’il fait honneur aux machines de légendes (PET, Vic20, C64, Amiga…) de cette marque.

The Commodore Story

Depuis Star Citizen, autant vous dire que mes financements sur Kickstarter sont aussi rares que sûrs. Je fais une enquête à chaque fois pour savoir si c’est fiable et qui est derrière chaque projet. Et généralement, ça se termine avec des euros qui restent bien au chaud dans ma poche ! Même quand il s’agit d’Amiga ! J’adore cette machine, qui bénéficie en plus actuellement d’une vague de nostalgie certainement liée à la crise existentielle de la quarantaine / cinquantaine que traversent ses utilisateurs de l’époque, et je ne suis pas prêt à laisser n’importe qui s’occuper de décortiquer son histoire. Non seulement cette bécane reste pour moi mythique dans l’histoire de la micro-informatique, mais elle a aussi été à l’origine d’une de mes premières interviews de ma carrière. Je l’ai déjà raconté (à 12min, rapidement), mais en visite chez Cryo pour interviewer Philip Ulrich, je suis tombé sur RJ Mical qui bricolait une 3DO. Pour moi, c’était comme croiser Prince, version codeur… Autant vous dire que j’ai un peu expédié la première rencontre pour ne pas rater cette occasion, qui s’est terminée par une soirée dans son hall d’hôtel à descendre des bières pendant que je buvais plutôt ses récits sur l’incroyable bordel qu’a été la création de l’Amiga 1000.

Si je vous raconte tout ça, c’est pour mettre en avant un point crucial : dans ma carrière, j’ai eu l’occasion d’avoir un paquet d’infos de première main sur pas mal de boîtes, projets, etc. Fatalement, si un documentaire oublie ou minimise certains faits, ça va m’agacer parce que je vais le voir ! Et c’est un des problèmes de The Commodore Story.

Assez long (2h11min), ce docu souffre d’une construction / montage assez maladroit. On sent que ses auteurs ne savent pas quoi faire de toute la matière qu’ils ont. Du reste, ils proposent un pack de 16h (!) d’interviews sur leur site. Certainement pour faire un documentaire à monter soi-même… On est en permanence baladé entre une mise en avant mal amenée des machines ou des personnalités impliquées dans leur développement, et le spectateur lambda perdra rapidement le fil. C’est dommage, car ils ont effectivement des interviews “rares”, en particulier des anecdotes de la bouche de Leonard Tramiel, fils (et déjà collaborateur à l’époque) de Jack Tramiel. Malheureusement, il manque vraiment toute une partie sur les malversations et l’incompétence de Mehdi Ali ou le manque de vision des managers de la marque, qui n’ont jamais compris qu’il fallait investir en permanence en R&D dans ce business pour survivre. L’Amiga 1000 de 1985 était révolutionnaire et enterrait la concurrence, mais toute la suite s’apparente plus à du bricolage qu’à du développement sérieux, avec des moyens en conséquence.

Interview RJ Mical PIC

Le papier de cette interview dans Amiga Revue est bien jaune… Septembre 1994, c’était hier pourtant non ? NON ? Bon…

Pour les fans et les passionnés d’histoire de l’informatique, The Commodore Story reste une mine d’information qu’il ne faut pas ignorer. Ça reste un documentaire plus intéressant que le très dispensable Viva Amiga qu’il faudra vraiment réserver aux fans. En revanche, on reste loin de la référence du genre, From Bedrooms To Billions : The Amiga Years.

The Commodore Story :

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