La saga Marvel Studios, 26e partie : Avengers: Endgame, toutes les bonnes choses ont une fin

Avec Avengers: Endgame, Marvel Studios met un terme à ce que Kevin Feige a officiellement baptisé « The Infinity Saga ». Colossale conclusion de plus de trois heures, bouclant une histoire relatée sur pas moins de 22 films, cet ultime chapitre de la saga Avengers (pour le moment en tous cas), est l’occasion pour nous de revisiter ensemble les arcs narratifs de ses principaux héros : Hawkeye, Black Widow, Thor, The Hulk, Captain America et Iron Man. Enfilez vos GPS temporels, on décolle pour un copieux récapitulatif !

Préambule : la production d’Endgame s’étant déroulée simultanément avec celle d’Infinity War, je ne reviendrai pour une fois pas sur les coulisses de celle-ci. Si vous souhaitez creuser cet aspect, je vous invite à relire mon dossier sur le sujet, paru l’année dernière. Cette fois-ci, on va changer un peu nos habitudes et s’intéresser non plus à ceux qui font les films, mais aux personnages qui les habitent. Plus spécifiquement aux six Avengers originaux et à leurs arcs respectifs tout au long de la franchise. Et comme d’habitude, un avertissement d’usage : ce dossier va « spoiler » le film dans les largeurs. Si vous ne l’avez pas encore vu, épinglez cette page pour une lecture ultérieure.

La fin d’Avengers: Infinity War le laissait présager : ce 22e film de Marvel Studios allait avant tout faire la part belle aux six héros historiques du MCU. Un choix narratif parfaitement logique pour clôturer comme il se doit cette longue saga entamée en 2008 avec le premier Iron Man. Évitant l’écueil du « deus ex machina » avec l’arrivée de Captain Marvel dans l’écurie de la Maison aux Idées, les réalisateurs Joe et Anthony Russo, flanqués de leurs inséparables scénaristes Stephen McFeely et Christopher Markus, vont plutôt choisir de faire de ce Endgame une merveilleuse lettre d’adieu aux héros fondateurs de cette mythologie cinématographique moderne. L’occasion pour nous de nous pencher sur leurs parcours respectifs, parfois chaotique et difficile, mais ô combien jouissif, mais également de spéculer sur leur avenir potentiel dans le MCU.

Clint Barton, “Hawkeye”, le mal-aimé

Après une apparition furtive dans le premier Thor, puis une relégation au rôle d’artifice scénaristique dans le premier Avengers, Hawkeye représente sans conteste l’archétype de « l’homme ordinaire » confronté au métier souvent ingrat de superhéros.

Sans pouvoirs particuliers, si ce n’est une excellente maîtrise de l’arc à flèches, père de famille, il doit en permanence jongler entre ses différentes responsabilités professionnelles et personnelles. Son arc narratif démarre réellement dans Age of Ultron, lorsqu’on y découvre sa femme et ses enfants, planqués dans une ferme perdue dans la campagne des États-Unis. Considéré par ses pairs comme le ciment qui permet de préserver la cohésion de l’équipe, il est aussi sans conteste le personnage qui a le plus à perdre.

Après une absence remarquée dans Infinity War, on retrouve notre célèbre archer au tout début d’Endgame, en plein pique-nique familial, avant que les affres du claquement de doigts de Thanos ne viennent perturber cette fragile tranquillité. Désormais seul au monde, et mu par une soif insatiable de vengeance, il va troquer le surnom d’Hawkeye pour celui de Ronin, et extérioriser sa colère par une violente quête de justice. Aux quatre coins du monde, il manie désormais la lame avec dextérité et sauvagerie, bien décidé à éliminer pour de bon les malfaiteurs qui sévissent encore à la surface de la planète.

C’est au Japon, et dans un état de psychopathie avancé que Natasha Romanoff le retrouve finalement, ravivant en lui une maigre étincelle d’espoir. Après avoir passé de longues années nourri exclusivement d’une vendetta désormais hors de contrôle, Barton accepte finalement de rejoindre ses anciens collègues Avengers, pour tenter une dernière fois d’annuler les effets funestes du « snap ».

S’il n’est clairement pas le personnage le plus complexe du MCU, Hawkeye est sans conteste le plus ancré dans la réalité et les contraintes de la vie quotidienne. Il symbolise aussi, à l’extrême, le traumatisme vécu par les survivants de la décimation, et la frustration engendrée par le sentiment d’impuissance qui découle de ce drame sans précédent. C’est pour cette raison que son sacrifice sur Vormir (pour récupérer la précieuse Soul Stone) n’aurait, d’un point de vue narratif en tout cas, pas eu beaucoup de sens. Son arc, pour être satisfaisant, devait impérativement se conclure par un retour à la normale, et une réunion avec sa famille.

The city is flying, we’re fighting an army of robots and I have a bow and arrow. None of this makes sense.

Prévisions post-Endgame : on n’a certainement pas fini d’entendre parler de l’ami Hawkeye. La rumeur voudrait qu’une série lui soit prochainement consacrée sur le futur service de streaming de Disney. Une chronique dans laquelle on devrait également retrouver le personnage de Kate Bishop, jeune superhéroïne qu’il va prendre sous son aile dans les comics, et qui lui empruntera plus tard son costume et son surnom. Un passage de flambeau et une mise à la retraite pour ce bon vieux Clint en perspective ? C’est fort probable.

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Natasha Romanoff, “Black Widow”, l’espionne qu’on aimait

Introduite d’abord comme second couteau dans Iron Man 2, essentiellement pour contextualiser quelque peu le S.H.I.E.L.D., Natasha Romanoff va rapidement gagner ses galons de superhéroïne dans les films suivants. Dans le premier Avengers, on en apprend un peu plus sur son passé, et notamment sa recherche quasi obsessive de rédemption. Ex-assassine à la solde du KGB, elle officie désormais du côté des « gentils », avec l’ambition établie de faire oublier sa funeste carrière.

On sous-estime souvent son importance dans le MCU, mais c’est oublier un peu vite que son influence est à maintes reprises primordiale. C’est elle qui parvient à démasquer les intentions réelles du malveillant Loki, lors de l’attaque de New York. C’est encore elle qui réussira à ramener à la raison son ancien binôme Clint Barton, alors sous l’emprise du sournois Asgardien. Et dans The Winter Soldier, plus qu’un simple faire-valoir de Steve Rogers, c’est elle qui va lui permettre d’affronter avec sérénité et discernement la chute du S.H.I.E.L.D., ainsi que le retour inopiné et troublant de son vieil ami Bucky, désormais au service d’Hydra.

Dans Age of Ultron, on découvre que c’est grâce à sa légendaire berceuse, qu’elle permet à Bruce Banner de garder le contrôle sur son alter ego monstrueux. Comme son acolyte Hawkeye, Romanoff ne dispose pas de pouvoirs particuliers, en dehors d’une aptitude exceptionnelle au combat, et un sens de la manipulation hors normes. Mais c’est justement cette “normalité” qui lui permet de faire office de point d’ancrage pour d’autres personnages qui en ont bien besoin, et notamment Banner.

Certains médisent d’ailleurs souvent sur la légitimité de sa romance avec le scientifique, mais la dynamique amoureuse qui s’installe alors entre les deux personnages trouve pourtant tout son sens dans ce contrôle de la « bête » et cette co-dépendance si particulière qui en découle. En outre, cette proximité avec Hulk, la renvoie irrémédiablement à son propre statut de « monstre », hérité de son expérience personnelle du mauvais côté de la barrière, et particulièrement du fait qu’elle ait été dépouillée de sa nature humaine par son conditionnement d’assassin (et pas parce qu’elle ne peut plus avoir d’enfants, raccourci que j’ai souvent lu et entendu).

Elle flirte à nouveau quelque peu avec ses vieux réflexes de manipulation dans Civil War, mais une fois encore, c’est pour la bonne cause. Ce que d’aucuns pourraient percevoir comme une trahison à l’égard de Tony Stark et des Accords de Sokovie, est en réalité une ultime tentative de garder l’église au milieu du village, et éviter l’implosion des Avengers. Une ambition ferme de maintenir le cap qui explique qu’elle se retrouve fort logiquement à la tête de la troupe de superhéros après les tristes événements d’Infinity War.

Et, finalement, cette recherche perpétuelle de rédemption connaîtra son apothéose au moment de récupérer la Soul Stone sur Vormir. Face à la révélation d’un sacrifice nécessaire pour mettre la main sur la précieuse Infinity Stone, elle n’hésitera pas une seule seconde à se jeter dans l’abîme, au grand dam de Barton. D’une certaine manière, une fois le voile levé sur son passé dans Avengers, les dés étaient jetés : son arc narratif ne pouvait se conclure autrement que par cet ultime acte d’abnégation.

It’s really not that complicated. I’ve got red in my ledger, I’d like to wipe it out.

Prévisions post-Endgame : malheureusement, avec le sacrifice du personnage, il est peu probable qu’on revoit Romanoff dans les prochains films du MCU. Hormis, bien entendu, dans son propre film solo, dont la production devrait démarrer en juin. Mais comme il s’agit d’un prequel, ça ne compte pas vraiment. Adieu Natasha !

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Thor Odinson, le Dieu déchu

De prime abord, on pourrait penser que Thor ne possède pas les caractéristiques d’un personnage potentiellement riche et complexe. Dieu surpuissant, à l’ego démesuré, et animé d’élans shakespeariens, le bellâtre indestructible n’apparaît pas instantanément comme un héros auquel on peut facilement s’identifier. Ou à qui on pourrait en tout cas prêter des tumultes avec lesquels il serait facile de sympathiser. Pourtant, au fil de ses apparitions, il va paradoxalement devenir l’un des personnages les plus humains du MCU.

Présenté initialement comme un héros assez lisse, invincible et immortel, le fils d’Odin va progressivement se révéler plus contrasté qu’il n’y parait. Banni d’Asgard par son père, qui le juge indigne du trône, en lutte permanente avec son demi-frère Loki, exilé et déraciné sur Terre, Thor va acquérir au fil de ses pérégrinations une personnalité riche et finalement tout aussi faillible (si pas plus) que celles de ses collègues Avengers.

Cette apparente invulnérabilité physique va céder progressivement le pas à une fragilité psychologique bien réelle, qui prendra de l’ampleur avec la mort de sa mère dans The Dark World, pour s’amplifier encore avec l’apparition de sa maléfique soeur Hela dans Ragnarok, et le massacre de la moitié de son peuple dans Infinity War. L’une des scènes les plus importantes à ce titre est sans doute celle qu’il partage avec Rocket, pendant le voyage vers l’étoile Nidavellir. Durant cet échange, Thor est d’une certaine manière contraint de faire le bilan de sa vie, et le constat qu’il en tire n’est pas particulièrement reluisant. Toute sa famille et ses amis sont morts, et sa première rencontre avec Thanos n’a pas été à son avantage. Un échec qui va devenir la motivation exclusive du personnage par la suite. Et aussi la raison de sa chute…

Car malheureusement pour lui, les reliquats d’arrogance qui l’habitent encore vont faire échouer sa quête de vengeance. Trop attaché en effet à vouloir faire souffrir Thanos pour les méfaits qu’il a commis, Thor ne parvient pas à lui asséner le coup fatal. Une faute grave qui va permettre au Titan de claquer des doigts, entraînant la disparition de la moitié des êtres vivants qui peuplent l’Univers. Cette erreur, Thor ne va pas réussir à se la pardonner.

Et quand il comprend, au début d’Endgame, que les jeux sont a priori définitivement faits, de rage, il tranche la tête de Thanos d’un violent coup de hache. Un moment-clé dans son histoire, qui va l’amener par la suite à sombrer lentement dans la dépression. Qui aurait pu anticiper un tel revirement pour un héros qu’on présentait comme indéfectible ? C’est en ça que Thor est, à mes yeux, l’un des personnages les plus intéressants du MCU : son arc est d’une intensité rare, et traité avec une grande justesse. Et s’il présente des similarités évidentes avec l’arc d’Hawkeye, le sien est d’une ampleur sans pareil. Ce qui rend sa décision à l’issue de la victoire contre Thanos tout à fait logique et justifiée : sa soif de vengeance étant désormais assouvie, il est temps pour lui de faire enfin son deuil, et de jouir de cette vie plus simple à laquelle il aspire dorénavant.

You know I’m 1500 years old. I’ve killed twice as many enemies as that. And every one of them would have rather killed me than not succeeded. I’m only alive because fate wants me alive. Thanos is just the latest of a long line of bastards, and he’ll be the latest to feel my vengeance. Fate wills it so.

Prévisions post-Endgame : la fin du film laisse à penser que Thor pourrait apparaître au générique du prochain Guardians of the Galaxy. Dans quelle mesure ? Difficile encore de se prononcer. On murmure qu’un projet de quatrième film dédié à sa grandiloquence serait également en chantier, toujours avec Taika Waititi aux commandes, ce qui pourrait indiquer que sa place aux côtés de Peter Quill ne serait que momentanée.

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Bruce Banner, « The Hulk », le géant vert

En dehors de son unique film solo (The Incredible Hulk en 2008), le pauvre Hulk n’a jamais véritablement eu droit à sa propre franchise. La faute à une relation tendue entre Marvel Studios et Universal, ces derniers détenant toujours les droits de distribution sur toute production centrée sur le monstre. Une situation délicate quand on souhaite développer l’arc d’un personnage sur le long cours. Mais finalement, comme pour Hawkeye et Black Widow, c’est au travers d’autres franchises que le héros va trouver le moyen de s’épanouir.

Archétype littéral de l’homme luttant avec son démon intérieur, Bruce Banner va progressivement apprendre, au fil de ses apparitions, à dompter le violent animal qui sommeille en lui. C’est d’ailleurs l’essence de son arc : l’apprivoisement de son alter ego bestial. Quand on le découvre pour la première fois en 2008 dans le film de Leterrier, le bon docteur est en fuite, et toujours en proie à d’incontrôlables explosions de colère. Dans Avengers, il semble avoir réussi à prendre quelque peu le dessus sur la bête, apparemment enfin capable de choisir à quel moment il la laisse s’exprimer. Mais il n’en a toujours pas le contrôle une fois transformé. Dans Age of Ultron, grâce à la berceuse de Natasha, il parvient désormais à gérer le retour à la normale. Mais on sent bien que cette lutte permanente entre ses deux personnalités antagonistes se fait au prix d’une souffrance permanente. Banner a peur de lui-même, terrifié à l’idée des horreurs qu’Hulk pourrait commettre dès qu’il le laisse prendre le dessus. Surtout après l’incident de Johannesbourg où, sous l’emprise de Wanda Maximoff, le géant vert cause d’importants dégâts, entraînant une vive réaction de la presse et du public à l’encontre des Avengers. C’est cette impossibilité de maîtriser les agissements de son alter ego qui va l’amener à choisir de s’exiler à la fin du film.

Quand on le retrouve quelques années plus tard sur la planète Sakaar, Banner a jeté l’éponge. Hulk a désormais pris le dessus, a priori de manière définitive, et semble avoir paradoxalement trouvé la sérénité dans cette nouvelle configuration. Officiant dorénavant comme gladiateur, la bête est adulée et refuse de rendre le contrôle à Banner. Ce n’est que lorsqu’il se retrouve confronté à un vieux message de Natasha que le docteur réussit à faire remonter sa personnalité originale à la surface.

Les événements du début d’Infinity War sont particulièrement importants pour bien comprendre la suite de l’évolution du personnage. Confronté à Thanos, Hulk prend une jolie rouste et, dans la foulée, décide qu’il en a assez de n’être que le muscle au service de Banner. S’il choisit de ne plus se manifester par la suite, ce n’est pas par peur (comme d’aucuns l’ont interprété), mais bien par principe : après avoir goûté aux joies d’une vie d’adoration sur Sakaar, il a un peu de mal à être de nouveau réduit au rôle très limité de machine à frapper, sollicitée uniquement quand le besoin s’en fait ressentir.

Puis, finalement, après le « snap », on retrouve dans Endgame un Banner qui a, comme il le dit très justement lui-même, « choisi le meilleur des deux mondes ». Plutôt que de se partager le volant, et d’alterner les personnalités de manière chaotique, le scientifique et la bête ont choisi de combiner leurs points forts, endurance et intelligence, en une seule entité : « Smart Hulk ». Un compromis logique et cohérent en guise de conclusion à cet arc, qui va faire du personnage un élément central d’Endgame, essentiel à la réussite du braquage temporel. D’un côté, par le biais de ses compétences scientifiques qui vont s’avérer indispensables dans la confection de la machine à voyager dans le temps; de l’autre, grâce à sa force brute qui va lui permettre d’être celui qui claque des doigts une fois les pierres récupérées, faisant ainsi revenir les héros disparus à la fin d’Infinity War.

For years, I’ve been treating the Hulk like he’s some kind of disease, something to get rid of. But then I started looking at him as the cure. Eighteen months in the gamma lab, I put the brains and the brawn together and now look at me. Best of both worlds.

Prévisions post-Endgame : difficile de savoir ce qui attend le duo Banner/Hulk dans le MCU. On murmure qu’il pourrait faire lui aussi l’objet d’une série sur Disney+. Mais à cause des tensions avec Universal, il est peu probable qu’on puisse un jour bénéficier d’un nouvel épisode “solo” du personnage. Cela dit, avec l’arrivée récente d’Amy Pascal (ex-présidente de Sony Pictures, proche de Kevin Feige, et à l’origine du retour de Spider-Man chez Marvel Studios) à la tête du studio, les choses pourraient bien changer…

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Steve Rogers, « Captain America », le soldat hors du temps

Dès son introduction dans le premier film de sa franchise, The First Avenger, on comprend assez rapidement que Steve Rogers est un personnage pétri d’idéaux. On pourrait même se risquer à le qualifier de manichéen. Malgré une condition physique qui laisse pour le moins à désirer, il tente par tous les moyens de s’engager dans l’armée, pour mettre en pratique ses ambitions patriotiques. Après de multiples refus, sa transformation en super-soldat, par le biais des expériences du Docteur Abraham Erskine, va finalement lui permettre de concrétiser son rêve. En tous cas, c’est ce qu’il croit… Relégué au rang de pantin symbolique qu’on agite pour divertir les troupes, le valeureux Captain America réalise rapidement que la réalité n’est pas du tout à la hauteur de ses attentes. Rogers décide alors de prendre les choses en main et va rapidement dépasser son statut d’allégorie pour devenir un authentique héros, capital dans la lutte contre Hydra. La première partie de son arc se termine par un sacrifice nécessaire, ultime manifestation de son aspiration héroïque.

Quand il est découvert congelé sous la banquise quelque soixante-dix années plus tard, Rogers tente tant bien que mal de s’acclimater à son nouvel environnement. Toujours habité d’un sens moral aigu, il va rapidement être confronté à une réalité moderne beaucoup plus nuancée, où la frontière entre le bien et le mal est devenue particulièrement floue. L’infiltration du S.H.I.E.L.D. par Hydra va davantage dérégler son compas moral, et l’amener à remettre en cause les valeurs auxquelles il croyait jusqu’ici. Dans Civil War, l’opposition avec Tony Stark, et par extension aux autorités internationales, vont l’amener à se mettre hors-la-loi, et faire de lui un fugitif. Ce qui ne l’empêche pas, en son for intérieur, d’avoir toujours l’intime conviction d’être dans le droit chemin.

Avec les événements d’Infinity War et la menace que représente Thanos, Rogers finit par sortir de l’ombre, sans pour autant remettre en cause son choix de vie. À son retour, il envoie d’ailleurs balader le Général Ross sans hésitation, indice qu’il assume ses actes passés et n’a aucunement l’intention de s’en repentir. Dévasté par la décimation découlant du « snap » du Titan Fou, il va, comme tous les autres Avengers survivants, tenter une dernière fois de renverser la vapeur, et donner le meilleur de lui-même pour y parvenir. Et quand enfin il brandit Mjölnir, le marteau de Thor, sur le champ de bataille, on prend alors conscience d’une évidence qui était pourtant sous notre nez depuis toujours : oui, Steve Rogers est digne (“worthy”). Il l’a toujours été.

Après la victoire sur Thanos et son imposante armée dans Endgame, son personnage va opérer ce que certains ont considéré comme un virage à 180° par rapport à sa nature profonde : au moment de repartir dans le passé pour restituer les différentes Infinity Stones, il va choisir de ne pas revenir à notre époque, optant à la place pour une vie rangée, dans une ligne temporelle alternative. Et même si cette décision peut sembler contraire à sa droiture, cette existence paisible, normale, qui lui a jusqu’ici toujours été refusée, lui était pourtant bel et bien due. Après avoir sacrifié sa vie au service de la justice, après avoir souffert la perte de ses proches (Bucky, Peggy Carter, Natasha Romanoff, Tony Stark), il est parfaitement compréhensible qu’il souhaite prendre définitivement sa retraite. Son retour en fin de vie pour passer le flambeau (ou plus exactement le bouclier) à Sam Wilson démontre néanmoins que, fondamentalement, la nature du personnage n’a pas changé. Il est toujours habité d’idéaux, mais il estime désormais que c’est à quelqu’un d’autre d’en assurer la protection. Il faut toutefois admettre que, bien que cohérent, son arc narratif a quelque chose d’extrême : d’une abnégation complète, mue par les valeurs qu’il défend, Rogers va terminer sa carrière sur une note teintée d’individualisme pur. Mais pourtant parfaitement légitime…

I could do this all day.

Prévisions post-Endgame : s’il n’est pas impossible qu’on revoie le héros furtivement dans de prochains films ou séries (on pense notamment à cette rumeur de What If qui verrait Peggy Carter brandir le légendaire bouclier), il est fort probable que l’histoire de Captain America s’arrête ici. Un sentiment renforcé par le fait que Chris Evans, l’acteur qui l’incarne à l’écran, a de nombreuses fois confirmé qu’il en avait fini avec le personnage.

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Tony Stark, « Iron Man », le milliardaire génie philanthrope

Pierre angulaire du MCU, héros avec qui tout a commencé, Tony Stark est un personnage particulièrement complexe et parfois difficile à cerner. Pourtant, la cohérence exemplaire de son arc narratif est la preuve irréfutable d’une maîtrise totale de la science du conte chez les scribes de Marvel Studios. Quand il apparaît pour la première fois à l’écran, dans le film Iron Man de 2008, Tony Stark est un être plutôt méprisable. Marchand d’armes arrogant, c’est son kidnapping par les terroristes des Ten Rings qui déclenchera en lui une quête tardive, mais intense, de rédemption. Quête qui va s’avérer particulièrement délicate au fil du temps, notre héros multipliant les fausses bonnes idées, amenant souvent au passage plus de problèmes que de solutions.

Devant en outre gérer l’héritage pesant laissé par un père distant, avec qui il n’a jamais véritablement réussi à communiquer, Stark va connaître un cheminement psychologique finalement assez classique, oscillant entre volonté de reconnaissance et besoin de contrôle absolu. Suite à l’attaque de New York par Loki, et la découverte de l’existence d’un univers hostile au-delà des frontières de notre galaxie, Stark va traverser une douloureuse période d’anxiété et de remises en question. Une bonne partie du film Iron Man 3 est d’ailleurs consacrée à ses crises d’angoisse, et à la manière dont il tente de les endiguer. L’émergence d’Ultron est la conséquence directe de cette volonté sans doute démesurée de sécurisation du monde. Pas étonnant dès lors de le retrouver également en antagoniste dans Civil War, où une fois encore, son acceptation inconditionnelle des accords témoigne d’une volonté de racheter ses erreurs précédentes sans trop de discernement.

Son mentorat de Peter Parker est aussi un exemple d’impulsion rédemptrice qui finit mal. Car c’est sous sa responsabilité que le pauvre Spider-Man va périr dans Infinity War, une perte qu’il ne réussira pas à se pardonner. Il n’est dès lors pas étonnant de le retrouver cinq ans après le « snap », reclus avec sa famille au beau milieu de la forêt, et sans aucune intention d’endosser à nouveau l’armure légendaire de son alter ego Iron Man. Mais chassez le naturel…

Car forcément, quand Rogers débarque et lui offre une chance minime de réécrire le passé en annulant les effets de la décimation, il ne lui faut pas longtemps pour choisir de rempiler. Même s’il prétend avoir tourné le dos à son passé, son désir de rédemption est plus fort que tout. C’est lui qui anime, voire consume, le personnage de bout en bout de son arc narratif. Ses « retrouvailles » avec son père, lors de son incursion dans les années 70, lui permettent d’obtenir enfin une résolution définitive par rapport à ce relationnel difficile, source d’une bonne partie de ses maux.

Et à l’instar de Natasha Romanoff, cette soif de rédemption, cette volonté inextinguible de racheter ses erreurs passées va se conclure pour Stark par un ultime sacrifice. Lorsqu’il brandit le gant serti des Infinity Stones face à Thanos, on sait déjà ce qui va se passer. Sa mort était inévitable, d’un point de vue narratif, mais aussi pour son propre salut.

You can take away my house, all my tricks and toys. But one thing you can’t take away… I am Iron Man.

Prévisions post-Endgame : Tony Stark est mort, et le faire revenir ne ferait qu’entacher son sacrifice. Il est dès lors irréaliste d’espérer le revoir un jour pointer le bout de son nez dans le MCU. Sauf peut-être de manière “virtuelle”, sous la forme d’un ultime message laissé à Peter Parker, qu’on découvrirait dans les premières minutes de Far From Home. Mais pour le reste, avec sa disparition définitive, c’est une page du MCU qui se tourne, et une nouvelle saga qui commence…

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Et maintenant, on fait quoi ?

À l’heure où j’écris ces lignes, il est encore très difficile de savoir où va aller le MCU dans les années à venir. Aucune annonce officielle n’a encore été faite concernant les prochaines productions Marvel Studios (a priori, on devrait avoir des nouvelles de Feige et sa bande après la sortie du prochain Spider-Man), mais on peut déjà jeter quelques pistes sur base de rumeurs persistantes. Après Far From Home, qui devrait servir d’épilogue à la Phase 3 des films du MCU, il est plus que probable que la franchise va suivre une orientation globalement cosmique, notamment avec un film sur les Eternals et le troisième volet des aventures des Guardians of the Galaxy. Côté terrestre, on sait déjà que la production d’un film Black Widow devrait démarrer prochainement, suivi ensuite de l’arrivée d’un nouveau héros, le surprenant Shang-Shi, sorte de croisement entre Iron Fist et Bruce Lee. Enfin, on parle déjà de suites pour Doctor Strange et Black Panther, mais là non plus, rien n’a encore été officiellement confirmé.

Pour le reste, on ne peut pour le moment que spéculer. Qui va prendre la relève des Avengers ? Peut-être une nouvelle itération de l’équipe, qui pourrait être baptisée New Avengers, ou une version plus jeune, comme les Young Avengers des comics, voire une troupe 100% féminine, pendant du A-Force des bandes dessinées. À ce stade, tout est possible, et on n’en saura sans doute pas plus tant que Marvel Studios ne sera pas sorti de son mutisme.

Côté Disney+ (le futur service de streaming de Mickey qui devrait se lancer d’ici la fin de l’année), Marvel Studios planche sur plusieurs projets de miniséries, découpées en six à huit épisodes, et disposant d’un budget équivalent aux films (soit entre 200 et 250 millions de dollars). Parmi les titres quasi certains : Loki (prequel où l’on suivrait l’Asgardien dans un périple historique), WandaVision (dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il suivra les aventures du couple le plus improbable du MCU) et The Falcon & The Winter Soldier (qui s’intéressera lui au duo d’acolytes de Captain America).

Bref, la saga des Infinity Stones a beau s’être conclue de fort belle manière, on n’a pas pour autant fini de dévorer du MCU. En ce qui me concerne, je vous fixe rendez-vous dans quelques mois pour jeter un œil dans les coulisses du prochain Spider-Man: Far From Home, dont la sortie est prévue chez nous le 3 juillet prochain.

 

En attendant, pourquoi ne pas lire ou relire les autres parties de cette grande saga ?


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