Ulysses 16 : split view et publication vers Ghost pour le meilleur des éditeurs de texte

Ulysses fait partie d’une catégorie de logiciels rare : celle capable d’orienter votre choix de machine et d’OS. Cette version 16 enfonce le clou, avec des évolutions intéressantes, particulièrement sur iPad, grâce à l’arrivée d’une vue scindée qui permet de travailler dans un confort rarement vu sur la tablette d’Apple. Accessoirement, ça me donne enfin l’occasion de parler sur Geekzone du logiciel que j’utilise le plus chaque jour depuis des années !

Synchronization

Quand on dépasse le stade de la discussion de fanboy et qu’on analyse l’outil informatique pour ce qu’il est (un gros marteau multifonctions), la seule question qui doit rester concerne les tâches que vous devez accomplir. En fonction de ça, on peut décider de la plate-forme la plus adaptée (machine, OS, etc.), saupoudré de considérations bassement pécuniaires et “politiques” (respect de la vie privée par exemple) . Dans certains secteurs, le choix est vite fait, parce que tel ou tel produit n’existe que pour Windows ou macOS. La contrainte décide pour vous. L’édition de texte, c’est l’inverse. On trouve des centaines de softs sur le marché, pour tous les systèmes d’exploitation, dont beaucoup d’excellents totalement gratuits, voire en open source. Mais dès qu’on commence à regarder du côté des fonctions qui permettent de faciliter la vie du journaliste, de l’écrivain, ou du blogueur (cette race malheureusement quasi disparue) , on se retrouve vite avec moins de 5 produits cités. Ulysses sera toujours dedans ! De plus en plus de forçats du texte ne jurent que par lui, ce qui en a motivé plus d’un à passer sur macOS juste pour pouvoir bosser avec. Il reste pourtant encore mal connu du grand public, et je vais apporter ma petite contribution pour changer ça.

Ulysses iPad 2

Beaucoup d’images de ce papier viennent de The Sweet Setup, qui est décidément beaucoup plus doué que moi pour ça. Ici, l’iPad Pro 2018 avec Ulysses 16 en mode vue scindée. À droite, la preview du texte markdown de gauche.

Mais c’est qui ce Ulysses ?

Gagnons du temps, je vais vous faire une version condensée :

  • éditeur de texte au format Markdown iOS et macOS
  • « made with love in Leipzig » (avec le support au top qui va avec)
  • gestion de bibliothèques intégrée (gère aussi les dossiers externes, avec certaines limitations)
  • synchronisation iCloud
  • export vers tous les formats importants (docx, WordPress, PDF, ePUB, Markdown, HTML, etc.)
  • modèle économique sur abonnement, qui permet au soft d’évoluer sereinement (et donne accès à toutes les versions)
  • gestions des thèmes pour l’éditeur + modèles pour exports

Le point “abonnement” va faire grincer des dents, et je préfère linker directement le post de blog de l’époque (2017) qui explique ce choix. Il est logique, le prix est raisonnable (40 euros par an) et ils proposent même une offre étudiant (12 euros par an). Oui, les développeurs ont besoin de manger et ce genre de soft n’existe pas dans le monde “gratuit” parce que c’est justement une tonne de boulot, de support, d’itérations pour arriver à ce résultat. Il y a beaucoup à dire sur ce domaine, mais pour faire simple, on est ici loin d’une escroquerie à la Adobe… Vous trouverez sur cette page l’ensemble des évolutions au fil des versions, on ne peut pas dire que l’équipe dorme sur ses lauriers.

Et c’est si bien que ça ?

Ulysses est souvent imité, jamais égalé. Sur le marché Mac, iA Writer et Bear sont souvent mis en avant comme des concurrents potentiels, mais ils remplissent à mon sens des missions différentes et ne peuvent prétendre concurrencer Ulysses côté fonctionnalités. On trouve également beaucoup de “copies” qui s’inspirent de son interface, mais n’en comprennent pas les finesses et se ratent lamentablement.

Ulysses iPad 1

L’interface de base, sans la dernière colonne de gauche.

La base du succès de ce soft, c’est le concept de feuilles (sheets) de l’éditeur. Je vois à vos têtes qu’il va falloir expliquer… L’interface, dans son mode le plus “complet”, affiche plusieurs colonnes verticales : votre bibliothèque intégrée (avec sous-dossiers, icônes, etc.), une colonne “sheets”, l’éditeur de texte lui-même et enfin une colonne “fourre-tout” qui peut servir pour vos notes, URL, images, tags, et “objectifs” (une fonction qui permet de “viser” un certain nombre de signes / mots). Si un manuscrit de livre peut tenir dans une seule “sheet”, tout l’intérêt vient du fait qu’on peut découper sa prose en plusieurs morceaux. Car ces feuilles sont manipulables (pour réorganiser rapidement des chapitres par exemple), affichables simultanément (pour visualiser tout son texte, qui semble alors tapé dans une seule feuille) et enfin exportables en fonction de votre sélection. Tous les concurrents qui ressemblent à Ulysses côté UI n’offrent en fait qu’une visualisation d’une note à la fois et passent complètement à côté de l’intérêt de cette fonction / présentation. Et bien sûr, vous pouvez afficher / cacher les morceaux de l’interface que vous voulez, ainsi que choisir le look de l’ensemble. Notez que chaque thème disponible propose un mode clair et un mode sombre.

Ulysses Mac Export

Les options d’export sont excellentes. Ici une thèse en plusieurs feuilles qui passe en PDF.

Dans les autres points forts d’Ulysses, outre le split screen qui est arrivé sur iPad avec cette version 16 (et 15 sur macOS), qui permet de bosser plus confortablement (preview en direct, visualisation de 2 parties du doc simultanément, travail sur 2 docs, etc.), j’apprécie particulièrement sa colonne supplémentaire pour stocker des notes, dont je parlais précédemment. L’export direct en brouillon WordPress est évidemment une raison importante de mon utilisation de ce soft. Non seulement c’est bien fait, sans codes HTML suspects qui se baladent, mais en plus ça permet de poster depuis iOS directement. Il faut savoir que WP reste impossible à exploiter correctement dans ce système d’exploitation parce que la partie édition de WordPress et Webkit iOS ne sont toujours pas potes. Par pudeur, je ne parlerai pas de l’application mobile, qui est une insulte. Exemple : si vous éditez un post avec photo légendée via cette app, la légende devient une ligne de texte normale et bousille votre mise en page. Automatic, toujours au top en 2019, mais c’est un autre sujet…

Ce qui m’amène à me réjouir de voir le support de Ghost augmenter. Leur nouvelle API permet à Ulysses de s’intégrer parfaitement avec cet outil, qui est de plus en plus populaire. Je voulais l’utiliser dès 2015 pour Geekzone, mais il était encore trop jeune et l’absence de bibliothèque média reste son point faible… N’empêche que j’aimerais voir plus de monde utiliser ce produit au lieu de perdre son temps à nourrir Medium, mais là encore, c’est un autre débat !

Ulysses Ghost

Un peu de lecture

La seule chose qui me fait encore dégainer un Byword, c’est la nécessité de parfois travailler avec un éditeur de texte moins zélé, qui ne va pas tenter d’interpréter mes URL, mes listes, etc. J’utilise aussi régulièrement Drafts pour les mêmes raisons. Mais dès qu’il faut écrire plus de 3 lignes, je le fais sur iPad Pro ou Mac, avec Ulysses, et ce maintenant depuis des années.

Pour être tout à fait honnête avec vous, j’avais prévu de parler de la v15 d’Ulysses, en mars dernier ! J’ai donc accumulé quelques liens que je vais vous proposer ci-dessous, pour découvrir plus en profondeur cet outil incroyablement bien pensé. Dans le tas, vous trouverez même une formation complète pour Ulysses (chez The Sweet Setup). Have fun !

Ulysses Tap Drag iPad

Links :

PS : pour le fun, notez que ma belle soeur continue d’écrire des livres de plus de 600 pages sous Word, avec des fiches bristols pour ses notes. Chacun sa méthode, mais j’avoue que ça me désole un peu. Mais c’est aussi ce qui sauve Microsoft et bien d’autres : l’inertie des utilisateurs de base, qui ne cherchent pas autre chose que leurs outils habituels. Soyez curieux et osez remettre vos workflows à plat de temps en temps !

Ulysses iPad Notes

La colonne de droite permet de stocker plein de notes, d’images, vos objectifs. La recherche est également très puissante dans Ulysses.


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