Antidote 10 : le meilleur correcteur du marché garde sa couronne

Druide, l’éditeur d’Antidote, est réglé comme une horloge. Tous les 3 ans, une nouvelle version débarque pour tenter d’améliorer un outil déjà leader sur son secteur. Cette v10 ne fait pas exception à la règle : les nouveautés sont là, mais après quelques mois de tests, on reste sur sa faim sur quelques points critiques. Il est l’heure de détailler tout ça.

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J’ai attendu. Plus longtemps que ce qu’il est judicieux de faire quand on veut “newser” l’arrivée d’un nouveau produit. Pour une bonne raison… Antidote est une béquille indispensable à mon travail, l’outil qui sauve en permanence l’étourdi que je suis. Et lors de sa sortie, qui coïncidait avec celle de macOS Mojave côté Apple, j’ai été plus que déçu par ce nouveau duo. Nous en sommes maintenant au patch 2.1, et j’aimerais sincèrement écrire que mon workflow est enfin de retour à la normale, que tout va bien. Malheureusement, il n’en est rien. Cet outil, particulièrement puissant sous macOS par le passé, se retrouve handicapé, et ce n’est même pas de sa faute… Mais avant de détailler ce problème crucial, petit rappel sur ce qu’est Antidote et sa place sur le marché.

Édité par la société québécoise Druide, Antidote est un outil de correction grammaticale et d’aide à la rédaction, qui gère maintenant anglais et français. On y trouve 10 dictionnaires, un correcteur, dix guides linguistiques et des outils pour inspecter et améliorer vos textes. Depuis 2003, une version majeure sort tous les 3 ans, généralement en fin d’année. Mais la création de cet outil indispensable pour nettoyer votre prose, quand on n’a pas la chance d’avoir le cerveau de Bernard Pivot, remonte à 1996. Vous trouverez l’historique sur la page Wikipédia qui lui est dédiée.

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Cette v10 est censée apporter une correction orthographique et grammaticale encore plus performante tout en dépoussiérant son interface. Dans les faits, il reste des faux positifs (mais moins qu’auparavant) et le dictionnaire continue d’ignorer des anglicismes courants, qu’il faudra rajouter vous-même. Malgré ça, Antidote reste à mon sens ce qui se fait de mieux sur le marché. Déjà parce qu’il est impossible avec la technologie actuelle d’offrir une correction parfaite, ensuite parce que le service rendu reste efficace, utile, et le tout avec un tarif mesuré. Il faut dire que la concurrence fait peine à voir et les outils en ligne sont encore balbutiants. ProLexis est parfois cité comme un concurrent sérieux (comme ici chez MacGeneration), mais la correction équivalente, la différence de prix et l’interface catastrophique le mettent directement hors concours pour moi. J’avoue que j’ai du mal à comprendre pourquoi certains continuent de dépenser aussi cher pour ce produit… Le revers de la médaille, c’est que ce manque de concurrence pour Antidote ne pousse pas vraiment Druide à se dépasser. J’y reviendrai plus tard.

Les nouveautés

La v9 apportait correction et dictionnaire anglais, et cette v10 se distingue par l’arrivée d’un outil Web encore en bêta, pour une correction online qui devrait rendre bien service sur iPadOS. Il faut préciser que les apps, iOS par exemple, ne sont que des dictionnaires, que ce soit chez Druide ou la concurrence. Cette correction via site Web s’annonce donc intéressante même s’il faudra passer par des couper / coller pénibles. La v10 apporte aussi la synchronisation des dicos personnels via Internet. Petit bémol : ces évolutions vont passer par un abonnement, dont on ignore encore le prix ou la date de mise en place. Ce service, nommé ATA (Accès Tout Antidote) est gratuit pendant un an avec l’achat de la v10.

Antidote Web

La version Web est très pratique et complète. Elle souffre malheureusement du même problème que la version desktop, en pire : une intégration très limitée avec l’extérieure.

On retrouve évidemment tout ce qui fait la force du produit depuis des années côté aide à la rédaction, avec des guides précis pour enrichir votre prose et éviter répétitions, améliorer ses tournures de phrase, son vocabulaire, prendre soin de l’inclusivité, etc. Dans les paramètres, vous pourrez aussi choisir un style soutenu ou si Antidote doit fermer les yeux sur l’emploi de termes familiers ou argotiques. La révision de l’orthographe de 1990 est aussi prise en compte et si vous décidez d’autoriser les deux graphies, Antidote vous préviendra en cas d’incohérence, histoire de ne pas avoir un texte avec plusieurs orthographes pour le même mot.

On dispose aussi de statistiques détaillées pour son texte, avec temps de lecture (voix haute ou en silence), prix calculé automatiquement (en fonction de vos tarifs, pratique pour les pigistes), performances, étymologie des termes employés, etc. Tout aussi pratique, le fait de bénéficier de traductions anglaises / françaises au sein des différents dictionnaires. C’est vraiment appréciable avec le dico des cooccurrences par exemple, qui va traduire les expressions intégrant un mot donné.

La frustration de l’intégration

Que ça soit sous Windows ou macOS (je n’ai pas testé la version Linux), Antidote 10 offre une interface et un accès facile aux outils principaux et fait un vrai pas en avant pour éviter les “fausses corrections”. Ces faux positifs sont toujours présents, mais bien moins que dans la v9. Alors qu’elle est son principal défaut ? L’intégration ! Si rien ne change vraiment sous Windows, elle devient très pénible sous macOS Mojave.

Antidote Intégration

J’explique : Druide fournit depuis longtemps une application pour intégrer Antidote aux softs les plus importants, comme Word, Outlook, Mail.app sur Mac, les outils Adobe, etc. Malheureusement, ils continuent d’ignorer des outils modernes, de plus en plus utilisés comme Ulysses, Bear, iA Writer, etc. Ce n’était pas un problème avec les précédentes versions de macOS : Antidote, via les outils système, arrivait à corriger directement les textes dans ces softs. Mais les nouvelles règles de sécurité de Mojave bloquent maintenant cette “ruse”. Il est possible, au mieux, d’envoyer automatiquement le texte vers le correcteur, qui va faire son boulot dans l’éditeur interne. Mais il faudra ensuite copier / coller ce texte pour retourner dans le soft d’origine, en massacrant au passage la mise en forme. Pour Ulysses, vous perdrez par exemple les liens intégrés au texte dès l’export vers Antidote. Bref, il faudrait à minima une bonne demi-douzaine de nouveaux connecteurs sous macOS pour redonner un intérêt à Antidote quand on passe sa vie dans ces logiciels. Côté Windows, la situation est la même. Avec l’explosion de l’offre des éditeurs de texte en Markdown, il serait temps que Druide se réveille pour trouver des solutions efficaces. Le couper / coller n’est qu’une béquille et cela va du reste grandement limiter la portée de leur service Web, qui ne fonctionne que de cette manière. Certes, il s’intègre avec votre navigateur, mais tout le monde ne bosse pas avec WordPress ou un outil en ligne !

Antidote Anti-Oups

Très pratique… À condition d’utiliser Mail (et manque de chance, je préfère utiliser Spark…)

Manque de volonté ou de moyens ?

Druide n’a jamais été un éditeur rapide. Ils sont connus pour s’adapter aux nouvelles versions de macOS des semaines (des mois ?) après la sortie officielle, alors que des bêtas solides étaient disponibles bien en amont. L’absence de concurrent sérieux leur laisse le champ libre : les consommateurs n’ont de toute façon pas vraiment de choix crédible à part eux ! Impossible de savoir si c’est cette situation qui est à l’origine de leur lenteur ou si c’est un manque de ressources interne, mais il est vrai qu’on trépigne souvent pour avoir une compatibilité maximum. Cela n’enlève rien aux qualités de cet outil qui m’est indispensable, mais il faut espérer qu’ils se réveillent pour enfin booster régulièrement Connectix, leur outil d’intégration avec les logiciels tiers. Ça serait la moindre des choses pour donner à Antidote l’envergure qu’il mérite. Un correcteur orthographique qui ne peut se connecter avec le logiciel que vous utilisez est tout simplement inutile ! J’espère que Druide a conscience de ce point crucial.

Antidote Histoire

Liens

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