AmiKit XE : plus qu’un Amiga prêt à l’emploi

En 2019, émuler un OS de 1985 ou du début des années 90 est amusant, mais vite très limité. À moins de connaitre les arcanes du système d’origine, on se retrouve vite coincé, faute de connaitre les utilitaires qui permettent d’améliorer l’expérience ou simplement d’effectuer une tâche basique. Même avec cette connaissance, se refaire une configuration fonctionnelle prend des heures, et si c’est là que se trouve le fun pour certains, c’est loin d’être le cas de tout le monde. Depuis des années, la réponse à cette problématique s’appelle AmiKit. Un système prêt à l’emploi, bichonné par le slovaque Ján Zahurančík depuis 2005 et qui intègre avec cette v11 plus de 400 programmes. Ján a également pris soin de développer des ponts pour que nos outils habituels soient accessibles directement depuis cet AmigaOS qui fonctionne sous Windows, macOS et Linux. Tour d’horizon d’un projet de passionné passionnant.

Amikit Menu

AmigaOS n’a jamais été aussi beau par défaut.

AmiKit (site officiel) est sous-titré « The Modern Retro Experience », ce qui signifie tout simplement que le but est de vous offrir une configuration AmigaOS prête à l’emploi la plus moderne possible. Pour ça, Ján n’a pas ménagé ses efforts : icônes PNG dessinées spécialement pour le projet, gestion complète de votre souris (scrolling molette, sortie facile de l’émulation, etc.), bureau en HD, accès à votre Dropbox ou Google Drive directement depuis AmigaOS… Le tout avec une installation entièrement gérée via des scripts maison qui vont se charger du sale boulot pour vous.

Amikit Update

Les updates automatiques, ça c’est la classe.

Émulation et copyrights

Pour éviter tout problème légal, AmiKit nécessite pour fonctionner que vous fournissiez votre propre copie d’AmigaOS et des ROMs indispensables. C’est là que posséder Amiga Forever dont j’ai aussi parlé cette semaine (quel hasard incroyable) est très pratique. C’est le meilleur moyen pour exploiter AmiKit au maximum. Je devrais préciser « meilleur moyen légal », car vous vous doutez bien que trouver les anciennes distributions d’AmigaOS et les ROMs en question sur le Net est loin d’être très compliqué. En revanche, en faisant tout ça légalement, vous aidez à faire survivre ce genre de projet, qui permet de transmettre une autre vision de l’informatique. C’est du reste le rôle d’AmiKit : montrer ce qu’aurait pu donner un Amiga moderne. Oui, ça reste du bricolage, mais ça n’en est pas moins impressionnant, surtout quand on sait comment tout ça tient debout.

AmiKit XE - Aminet FTP

La connexion à Aminet est directement intégrée. Parfait pour installer facilement des trucs en plus !

Au coeur du projet, on retrouve l’indéboulonnable WinUAE pour la partie émulation proprement dite et sur ce doc vous aurez une vision complète de ce que propose AmiKit XE, ainsi que son évolution. Vous pouvez aussi jeter un oeil sur cette vidéo qui détaille en anglais l’installation et l’utilisation de la chose.

Into the Rabbit Hole

La plus grande limitation quand on émule un système du genre en plein écran, c’est le Web. Les meilleurs navigateurs Amiga sont lents, incompatibles avec la plupart des sites modernes et rien que ça flingue toute envie d’utiliser ce genre de système très longtemps. Pour esquiver cette frustration, Ján a développé une solution aussi élégante que rédhibitoire pour les puristes. Rabbit Hole permet en effet de faire tourner dans votre émulateur certains programmes de l’OS hôte. Ça signifie pouvoir lancer Firefox dans AmigaOS par exemple. On peut ainsi faire tourner des softs modernes directement dans AmiKit, qui propose par défaut des raccourcis vers les classiques du genre : Chrome, FF, VLC, iTunes, etc. L’intégration est plutôt réussie, et permet de combler les plus gros manques d’un AmigaOS qui ne rajeunit clairement pas…

AmiKit XE - Rabbit Hole

AmigaOS avec des browsers modernes… ou Steam ? Pas de problème !

Un pot de fleurs pour AmigaOS 4

En plus d’AmiKit, Ján développe FlowerPot, une solution pour simplifier l’installation de la dernière mouture d’AmigaOS (AmigaOS4.1FE (Final Edition)) dans WinUAE. S’il est encore une fois possible de se débrouiller tout seul, en dépensant 10 euros, vous allez vous épargner bien des maux de tête pour obtenir une installation qui tient la route, avec drivers graphiques, réseaux et émulation SoundBlaster. Woah, je n’avais pas écrit « Soundblaster » depuis très très longtemps…

Flowerpot

AmigaOS 4.1FE installé en quelques clics dans WinUAE, c’est le boulot de Flowerpot. Pour info, cette version s’achète en ligne exclusivement chez Hyperion.

La clé du bonheur

Ján a également réalisé une clé USB bootable avec l’aide de Kenneth Lester (déjà responsable des icônes en PNG), basée sur une distribution Linux minimaliste, pour démarrer votre Amiga virtuel « partout ». Il m’a envoyé cette clé customisée au design maison très réussi, mais malheureusement, la sous-couche Linux ne s’est entendu avec aucune de mes machines, trop récentes ou trop « Mac »… Le boulot nécessaire à la modernisation de cette partie Linux étant compliqué, pour le moment ce n’est pas prévu, mais que ça ne vous empêche pas de tenter votre chance. L’objet est une chouette façon de soutenir le projet.

Guru Meditation

Avec autant de softs préinstallés et malgré le soin de l’auteur apporté à cette compilation, il arrive qu’on rencontre certains bugs ou plantages, mais après plusieurs heures passées à bidouiller AmiKit 11, je confirme que la stabilité est au rendez-vous. Le gain de temps est incalculable et le fait de pouvoir accéder directement à vos drives / clouds est vraiment appréciable. Encore une fois, je sais que tout ceci peut se faire « à la main », mais on pleure déjà sur nos journées trop courtes, ne crachons pas dans la soupe quand un produit permet de se vautrer dans ses souvenirs (améliorés !) sans passer trois semaines à tout configurer…

Amiga Collection

Un émulateur, c’est moins classe que cette collection mais… ça prend moins de place et c’est plus puissant en 2019 !

Le prix de la nostalgie ? Bien moins cher que de scruter les annonces sur eBay ou restaurer des machines de plus de 30 ans. En fonction des options, ça va de 20 à 90 euros. Les simples curieux pourront regarder ce que donnaient les versions 8 et 9, gratuitement. Le fait que ce travail rapporte un peu d’argent permet de garder cet excellent projet en vie, et d’éviter qu’il disparaisse à la première lassitude, comme ce fut le cas avec le vénérable AIAB.

 


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