Hécatombe des extensions pour Safari 12

Pendant que tous les navigateurs de la Terre se mettent d’accord pour un format d’extensions fonctionnant sur une base commune (WebExtensions), Apple continue de faire évoluer Safari dans une direction qui n’a rien à voir. Au nom de la sécurité et de l’App Store tout puissant, une grande partie des meilleurs add-ons du navigateur maison sont sacrifiés. Et beaucoup ne seront jamais adaptés… Un problème à prendre en compte si vous voulez passer sur macOS Mojave dès cette semaine !

Safari Extensions

L’App Store de High Sierra côté extensions Safari : la déprime.

Jusqu’ici, il existait trois méthodes pour récupérer une extension Safari. On pouvait télécharger un fichier directement sur le site de l’auteur et l’installer d’un simple clic, visiter la galerie des extensions Safari ou encore télécharger ça sur le Mac App Store, dans la catégorie adéquate. Une situation chaotique liée à l’arrivée des Safari App Extensions dans macOS El Capitan. Cette période de transition se termine et comme tout le monde le craignait, Apple commence à faire le ménage. Il sera impossible pour les développeurs de proposer de nouvelles extensions ou des mises à jour dans la galerie dès décembre. En prime, Safari 12 bloque sans recours possible toutes les extensions indépendantes. A priori, dès la prochaine version de macOS (la 10.5), hors App Store, point de salut : les extensions de la galerie seront elles aussi désactivées.

Sur le papier, les Safari App Extensions sont une excellente idée. Le concept est simple : chaque extension est liée à une application. La communication entre les deux est sécurisée, l’installation automatisée et la compatibilité de tout ce petit monde garantie. Elles peuvent utiliser des morceaux de l’application directement depuis le navigateur et donc offrir des fonctions avancées. Super. Sauf que, comme vous le savez déjà, bon nombre d’extensions n’ont jamais eu pour vocation d’être liées à une application. Elles fonctionnent de manière autonome pour offrir une fonctionnalité supplémentaire à votre navigateur. Dans mon dossier ”Safari, les astuces et extensions à connaître”, rien que NoMoreItunes ou Cloudmarks sont typiquement le genre d’outils qui n’ont rien à faire d’une app dédiée ! Dans ce cas, ça oblige pourtant le développeur à faire une app “fantôme” pour pouvoir distribuer sa création sur l’App Store et connecter l’extension à Safari.

Autre problème : les extensions pour la concurrence reposent sur des technologies Web (HTML, CSS, JavaScript) alors que côté Apple, c’est maintenant langage natif (Objective-C ou Swift) obligatoire, ce qui va encore compliquer la tâche des développeurs. Ou pas… Lassés par les changements et les limitations d’Apple, certains créateurs jettent l’éponge et migrent leurs bébés, pour en faire des WebExtensions qui tourneront sous Firefox, Chrome (Vivaldi / Opera) et Edge, moyennant des adaptations minimes à chaque fois. Vu les différences de parts de marché, c’est facilement compréhensible.

Pour “fêter” l’arrivée de Safari 12, on voit ainsi disparaître les meilleures extensions du marché. Canisbos n’a même pas renouvelé son nom de domaine et n’a pas l’intention de porter la moindre extension sur le Store. Vous pouvez toujours tenter de le faire, ses productions sont sur GitHub… Je prends cet exemple car cet auteur était à l’origine de plus d’une dizaine d’extensions, dont deux que j’adorais. Pour un éditeur plus solide comme AdGuard, la situation est également pénible et nécessite de recoder des versions de leur produit spécifiquement pour Safari. Lisez leur billet, on sent qu’ils ne sont pas très contents…

Adguard Extention Warning

Heureusement, on peut réactiver les extensions touchées par ce message. Et non, ce n’est pas plus lent. Surtout quand c’est un adblock…

Pendant ce temps, sur le Mac App Store, on trouve moins d’une cinquantaine d’extensions, la plupart inutiles, de mauvaise qualité ou payantes. Parfois tout ça à la fois. Bravo Apple. Je vous avoue que je doute que la situation s’améliore. Les utilisateurs de base n’installent tout simplement pas d’extensions, et les plus avancés vont se contenter d’un adblock (et trop souvent se faire refiler des trucs payants minables). De mon côté, seulement quatre extensions (sur 14) ont survécu à Safari 12. Dans le tas, on trouve AdGuard et 1Password, ouf. Dans ces conditions, pourquoi insister avec Safari ? Deux raisons : c’est de loin le meilleur en économie d’énergie quand on est sur la batterie de son Macbook. Et quand on utilise à côté des produits iOS, c’est ce qui se fait de mieux pour continuer ses lectures d’un appareil à l’autre, avec une synchro parfaite des tabs et signets. Globalement, c’est un excellent navigateur, mais cette problématique d’extensions sous macOS risque encore de faire baisser ses parts de marché déjà bien maigrichonnes… Car les deux raisons citées ne suffiront pas pour beaucoup d’utilisateurs !

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