Be My Eyes, l’app qui facilite la vie des aveugles et malvoyants

Disponible depuis 2015 sur iOS et 2017 sur Android, Be My Eyes est une app basée sur une idée aussi simple que puissante : exploiter les capacités de nos smartphones pour aider les personnes aveugles ou malvoyantes dans leur vie de tous les jours. Comment ? En les connectant facilement avec des volontaires voyants.

Be My Eyes

Commençons par expliquer pourquoi nous parlons de cette app en 2018 : si nous avons réussi à passer à côté pendant 3 ans, on se dit que vous aussi. Et vu l’impact qu’elle peut avoir dans la vie de certaines personnes, il était plus que temps d’en parler.

Be My Eyes part d’une idée toute simple : les malvoyants et aveugles se sont rapidement emparés de l’iPhone pour contourner leur handicap. Trois éléments clés font du produit Apple un outil incroyable pour eux. VoiceOver (qui lit les commandes à l’écran), FaceTime et Siri. Le combo Siri / FaceTime est particulièrement efficace puisqu’il permet d’appeler facilement quelqu’un en vidéo, pour lui demander par exemple de vous lire le montant de votre facture d’électricité, le temps de cuisson indiqué sur l’emballage de votre plat préparé, etc. Problème : vous devez avoir quelqu’un à appeler et cette personne peut ne pas répondre.

Trois ans de gestation

Les limitations de ce combo Siri / FaceTime, et le poids d’avoir à demander de l’aide à des amis en permanence, le danois Hans Jorgen Wiberg les connaît bien. Il a commencé à perdre la vue à 25 ans et un ami aveugle utilisait son iPhone de cette manière dès qu’Apple a sorti ces technologies. L’idée d’une application pour simplifier tout ça germe, mais c’est sa rencontre avec le jeune entrepreneur Christian Erfurt dans un évènement dédié aux startups qui fut l’étincelle qui donna vie au projet Be My Eyes.

Le principe de cette app est simplissime, sa mise en oeuvre beaucoup moins. Mettre en relation vidéo des voyants et non-voyants le plus simplement possible, rapidement, avec une sécurité maximale pour tout le monde, est loin d’être aussi évident que certains pourraient le croire. Mais pour une fois, on utilise ces bijoux de technologie que sont les smartphones pour autre chose que filmer son chat ou prendre un selfie de plus à la gloire de son ego.

Après un démarrage impressionnant (10 000 volontaires et 1 100 demandeurs d’aide inscrits en 24h, et une attente d’environ une à deux minutes pour avoir de l’aide), BME affichait déjà en 2017 plus de 600 000 volontaires pour aider 45 000 personnes, souvent en moins de 20 secondes. À l’heure où j’écris ces lignes, plus de 1,6 million d’utilisateurs volontaires sont inscrits sur l’app, pour moins de 100 000 aveugles / malvoyants. Le ratio est tel que certains volontaires ne seront peut-être jamais sollicités, ou plusieurs semaines après leur inscription. Ce n’est évidemment pas une raison pour ne pas participer ! Mais le but de cette news est surtout de faire passer le mot aux personnes qui pourraient avoir besoin de cette app.

Un portage Android important pour la démocratisation de l’app

Comme le rappelle Hans Jorgen Wiberg, 90% des personnes aveugles ou malvoyantes sont dans les pays en voie de développement, où l’iPhone est beaucoup moins présent. Cette version Android était donc cruciale mais nécessitait un développement à part, et leurs ressources sont limitées. La société s’est lancée avec une aide de 300 000 euros de la Velux Fondation (un fond danois), et tout est gratuit pour les utilisateurs et volontaires. Il a donc fallu trouver un moyen de pérenniser la société, et cela passera par une offre aux professionnels.

Une option va en effet être rajoutée pour mettre en contact les utilisateurs avec des sociétés commerciales, qui paieront pour être listées sur l’app, avec un service adapté.

Be My Eyes n’est pas la seule application du marché pour aider aveugles et malvoyants (on peut aussi citer BeSpecular par exemple), mais elle est certainement la plus efficace et la plus gratifiante pour les volontaires. Précisons que BME enregistre les interactions pour éviter les abus (aucun n’a été détecté depuis 2015), mais aussi pour connaître les usages et améliorer l’app. Le cas préféré du fondateur ? Cette jeune femme aveugle qui a utilisé l’app pour connaître le résultat de son test de grossesse sans avoir à le dévoiler à des amis. Comme quoi, à une époque où les smartphones sont accusés de tous les maux par certains, il est bon de se rappeler que la technologie bien utilisée, c’est un peu magique.

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