Joplin : la prise de notes open source

Nous sommes en 2020 et nous attendons toujours le soft ultime pour la prise de notes. De préférence open source pour certains, il se doit d’être présent sur toutes les plateformes, de se synchroniser facilement, et tout un tas d’autres fonctions jugées indispensables, qui varient évidemment d’un utilisateur à l’autre. Pratique pour les développeurs ! Joplin coche beaucoup de cases, mais est-ce suffisant ?

Joplin BannerDes softs de prise de notes efficaces, il en existe des tonnes. On avait fait un premier tour d’horizon en 2016, mais depuis les évolutions sont nombreuses. Sans parler des décès… Le plus gros problème, c’est la gestion des plateformes. Très peu de logiciels / services sont réellement disponibles partout. J’adore Drafts par exemple, mais quand je bosse sur mon PC ou sur mon tel Pro Android, je suis coincé… L’avantage pour un développeur fidèle à écosystème comme celui d’Apple, c’est l’accès simplifié à un excellent service de synchronisation, sécurisé, et dont il n’a pas la responsabilité. Dans le cas de la pomme, ça s’appelle CloudKit et c’est le secret de la synchro rapide, fiable et efficace de beaucoup d’applications de cet écosystème, dans tous les domaines.

Mais quand on veut que son app tourne partout, les solutions deviennent toutes beaucoup moins simples : créer son propre système, en gérant ses propres serveurs (l’enfer, mais ça peut faire parti du business plan), ou s’appuyer sur des solutions tierces comme le WebDAV, Dropbox, Nextcloud ou ce cancer de OneDrive (j’ai trop de problèmes avec pour en dire du bien avant 2022). Joplin fait ce choix, contrairement à un Standard Notes, qui a également le vent en poupe ces derniers temps.

Pour beaucoup, dont moi, Notion s’est imposé comme la solution la plus efficace. Mais pour certains utilisateurs ou entreprises, le besoin d’héberger directement ses données reste impérieux. Joplin est une des rares solutions qui propose à la fois une présence sur toutes les plateformes (malheureusement sans version web) avec un contrôle total sur ses données.

Classique et complet

Joplin se présente avec une interface en 3 panneaux, classique : les notebooks et tags à gauche, pour regrouper vos notes par thèmes, la liste des notes pour chaque thème et enfin la note sélectionnée, affichable directement en markdown, avec un volet de prévisualisation si vous le désirez. Classique, efficace, malgré une interface peu inspirée et, il faut l’avouer, assez laide. Mais des travaux sont lancés pour corriger ce problème, avec certaines suggestions prometteuses.

Joplin peut stocker du texte, évidemment, mais aussi tous types de fichiers, comme un Apple Notes ou Notion justement. Le tout gratuitement ! Le pied ? Presque…

Joplin UIIl faut rappeler que Joplin n’est développé que par une seule personne (Laurent Cozic), tout comme Standard Notes, Drafts et beaucoup d’outils du genre, ce qui entraine forcément des choix et des lacunes sur certains aspects du produit. La version iPadOS par exemple est simplement la version smartphone « étendue », avec une interface n’exploitant absolument pas la machine. La version Android est elle aussi très décevante (voir les liens plus bas), et d’une manière générale, Joplin a désespérément besoin d’un bon dépoussiérage côté UX / UI sur ses versions mobiles.

L’épineuse synchronisation

La synchronisation est le nerf de la guerre pour ce type d’application et Joplin repose sur des services tiers pour ça. Avec une interface perfectible pour expliquer l’impact de vos différents réglages. Les histoires catastrophiques et les problèmes à ce niveau pullulent sur le forum officiel. Pas très rassurant, mais si on sait ce qu’on fait, la prise de risque est limitée. Surtout avec des services comme Dropbox qui garantissent de leur côté de ne pas atomiser vos fichiers (vous pouvez tout récupérer pendant 30 jours, mais ça dépend de votre abonnement). J’ai moi-même eu des doublons bizarres pendant mes tests, mais rien de trop préoccupant.

Joplin Terminal

Joplin est totalement fonctionnel en mode terminal.

Cette synchro n’est malheureusement pas très véloce. Quand on lance l’application, il faut attendre un peu que tout se mette à jour. En prime, il semble qu’un bug sur les grosses pièces jointes (images, etc.) puisse causer des blocages de cette synchro… sans pour autant avertir l’utilisateur. Là encore, pas mal de problèmes sont abordés sur leur forum, avec des gens qui se retrouvent avec des notebooks entiers absents de certaines machines…

Il faut aussi noter que l’intégration avec les différents OS est limitée, bien loin de ce qu’on va retrouver sur des applications natives ou avec plus de moyens. Certes, le Web clipper est pratique, la version terminale fera plaisir aux nerds, mais globalement Joplin compte beaucoup sur sa gratuité pour gommer ses principaux défauts.

Joplin Note MD-Rendering

Markdown à gauche, rendu à droite. Efficace.

Alors faut-il l’adopter ? Résumons :

  • versions pour Windows, Linux, macOS, Android et iOS, une version Terminal qui fonctionne même sous FreeBSD
  • Web Clipper disponible pour Chrome (+ autres navigateurs Chromium) et Firefox
  • Chiffrement des données possible – End To End Encryption (E2EE) (mais pas de la DB locale, ce qui est.. bizarre)
  • Possibilité de faire des notes en To-Do
  • Gestion de la révision des notes
  • Possibilité d’éditer ses notes dans un éditeur de texte externe
  • Import Evernote
  • Export des notes en JEX, JSON, RAW, MD et PDF

Le tout pour ? Zéro euro donc. Forcément, il y a de quoi faire l’impasse sur un design soigné pour le moment, et anticiper les autres problèmes possibles. Prenez soin de vos fichiers, choisissez bien le service de synchronisation et profitez ! Est-ce que ça me fera abandonner Notion (qui vient en plus de passer gratuit pour un usage perso) ? Absolument pas. Mais fondamentalement, les deux services ne sont pas comparables et j’estime qu’une version web m’est indispensable. Le choix est plus difficile avec un Standard Notes, qui est assez intéressant, mais rapidement payant si on veut l’exploiter à fond, et vous force à héberger vos datas chez eux, même si tout est chiffré.

Joplin Note MD-Rendering

Le WebClipper ne gagnera pas de prix de design mais fait son boulot.

Le plus simple devant la gratuité et l’étendue des applications possibles pour Joplin, c’est de tester tout ça vous-même. C’est devenu un excellent scratch pad pour moi, qui a l’avantage de me permettre d’accéder à ces notes en vrac partout, contrairement à l’excellent Tot qui reste coincé sur mon Mac. Ensuite, si c’est intéressant, je remets en forme et sauvegarde ça dans Notion. À chacun son Workflow ! Joplin transformera peut-être le vôtre.

Liens

 


Note : cet article est l’équivalent de plusieurs pages de magazine. Il n’est possible de rédiger (ou plutôt écrire / réécrire / corriger / intégrer) des papiers de cette taille que grâce à nos soutiens Paypal, et surtout à nos patrons. Oui, on sait, ce n’est pas le bon terme. Mais nous, ça nous fait rire. Et quand on reçoit des sous aussi, d’ailleurs. Du coup, merci à vous, qui mettez la main à la poche pour nous inciter à bien bosser ! Et si vous n’avez pas encore franchi le pas, pensez à soutenir Geekzone pour que nous puissions augmenter la cadence !

Vous devriez également aimer…