La saga Marvel Studios, 19ème partie : Guardians of the Galaxy Vol. 2, once more with feeling

Trois ans après une première incursion réussie dans le monde du cinéma, et plus spécifiquement dans le foisonnant MCU, ce « Volume 2 » des aventures des Guardians of the Galaxy n’aura pas attendu les lauriers du premier opus pour se concrétiser. Gros coup d’ego déplacé ou certitudes fondées ? Une chose est sûre : chez Marvel Studios, avant même que le premier film n’inonde les salles, on est déjà certain de son succès. Suffisamment en tous cas pour donner le feu vert à sa suite sans attendre les résultats du box-office…

Guardians of the Galaxy Vol. 2

« F**k you, we’re Marvel! »

Selon l’adage maintes fois vérifié de Kevin Feige, patron du studio : on ne change pas une équipe qui fonctionne ! Le courant est bien passé avec le réalisateur et co-scénariste du premier film, James Gunn, et il est partant pour rempiler, pas la peine d’aller chercher ailleurs. Et comme Feige (et Whedon à l’époque) lui a un peu forcé la main pour introduire Thanos dans le premier film, il décide de lui laisser les coudées franches pour ce Vol. 2, l’autorisant à naviguer loin de la trame centrale du MCU. En gros, la recommandation du studio est la même que sur le premier film : « Fais un film 100% James Gunn ! ».

En octobre 2014, quelques mois après l’annonce officielle du développement de cette suite, et après le carton confirmé au box-office du premier épisode, Gunn s’attelle immédiatement à l’écriture du second film, cette fois-ci sans l’aide de Nicole Perlman, partie s’occuper du difficile projet Captain Marvel (dont on reparlera l’année prochaine, à sa sortie).

Guardians of the Galaxy Vol. 2

« C’est ce bouton là pour rebooter le serveur ? » (Caf, à chaque mise à jour de Geekzone).

Le club des cinq

D’emblée, pour rassurer tout le monde, Gunn confirme que les cinq membres de l’équipe originelle seront à nouveau de la partie, et précise en outre qu’il n’est pas impossible que d’autres Gardiens iconiques issus des comics fassent leur apparition. À peine deux mois plus tard, en décembre, le réalisateur présente à Marvel Studios un premier traitement de l’histoire qu’il envisage de tourner. Il annonce qu’il s’agira d’un scénario original, ne s’inspirant pas d’un arc connu des comics, mais puisant plutôt de-ci de-là, dans le foisonnant matériau de base.

Dans ce premier traitement, rien n’est laissé au hasard : Gunn a beau avoir déjà le studio dans sa poche, cela ne l’empêche pas de livrer à Feige un pavé de soixante-dix pages, détaillant chaque moment-clé du film, afin de lui vendre son idée. Une initiative qui peut paraître démesurée, mais que Gunn estime nécessaire : c’est qu’il a en tête quelque chose d’un peu particulier pour ce nouveau chapitre des aventures de Peter Quill. Et dans un premier temps, Marvel Studios rechigne à lui donner le feu vert sans en savoir plus…

Petite pause ici pour bien comprendre que ce que mijote le réalisateur n’est pas non plus anodin. Son idée : faire d’Ego, la Planète vivante, le père biologique de Star-Lord ! Un choix problématique à plusieurs niveaux. D’abord, il s’agit d’un grand écart par rapport aux comics : dans ses aventures sur papier, Quill est le fils de J’Son, Empereur des Spartois, une race extraterrestre humanoïde. Le remplacer par une planète anthropomorphique fait grincer les dents des pontes du studio, qui craignent de reprendre une nouvelle volée de bois vert, comme à la bonne époque du Mandarin d’Iron Man 3.

Ensuite, et ça Gunn l’ignore au moment où il rend sa copie, mais le personnage d’Ego fait partie de ceux dont les droits sont détenus par l’ennemi juré, la Fox. Un casse-tête légal s’annonce, d’autant que pour le réalisateur, impossible de faire tenir son histoire sans ce personnage central. Le risque d’impasse est tout à coup très élevé…

– « Star-Lord, je suis ton père ! »
– « Wait a minute… »

Escape From Ego (Ego 1997)

« Trop risqué, James ! » lui répond d’abord Feige, qui reviendra finalement sur sa décision après plusieurs mois d’intenses discussions avec le réalisateur. En coulisses, une fois l’approbation du grand gourou actée, les émissaires de Marvel Studios approchent donc ceux de la Fox et, contre toute attente, un accord est trouvé assez rapidement pour permettre à Gunn d’utiliser Ego dans son film.

La raison de cette résolution inattendue est toute simple : il se trouve qu’au même moment, la Fox travaille de son côté sur une adaptation cinéma de Deadpool. Et dans son film, le réalisateur Tim Miller souhaite utiliser la mutante Negasonic Teenage Warhead, mais en lui attribuant des pouvoirs assez différents de son équivalent des comics. Coup de chance pour Marvel Studios : des changements du matériau de ce type nécessitent leur accord. Ni une, ni deux, Feige propose un troc : si la Fox leur « rend » Ego (qu’ils n’utilisent de toute manière pas), Marvel accepte en échange de leur laisser faire ce que qu’ils souhaitent de Negasonic. La Fox accepte, Gunn respire.

Après quelques mois difficiles, Gunn annonce sur les réseaux sociaux au mois de juin 2015 qu’il a enfin achevé une première version du scénario. L’histoire débutera deux mois seulement après la fin du premier film et mettra l’emphase sur la notion de famille. D’abord, sous l’angle de la paternité, avec un arc intégral construit autour de la rencontre entre Quill et son cher père ; ensuite, en étudiant au plus près les trajectoires personnelles des différents héros, ainsi que leur relation et la dynamique qui s’est mise en place entre eux depuis le sauvetage de la galaxie dans le premier volume de leurs aventures.

Gunn souhaite néanmoins proposer quelque chose de neuf, et éviter de resservir la même recette désormais éprouvée. Pour le réalisateur, les choses sont claires : si le premier a bien marché, c’est parce qu’il apportait une fraîcheur bienvenue à cet univers des films. S’il veut réitérer l’exploit, il se doit faire encore mieux avec cette suite.

Mantis (à droite), nouvelle venue empathe dans le MCU (dont on vous a largement parlé dans Les Clairvoyants), est incarnée sur grand écran par la québécoise Pom Klementieff.

Les plus Kurt sont les meilleures

Sans réelle surprise, la grande majorité des acteurs ayant participé au précédent film rempilent sans se faire prier, à l’exception notable du Collecteur (Benicio Del Toro, qui donnera néanmoins de sa personne pour l’attraction Disney inspirée du film) et du personnage de John C. Reilly (que Gunn ne parviendra finalement pas intégrer à sa narration). En même temps, pas étonnant de voir tout la troupe originale réintégrer le navire : le premier tournage s’était avéré une très bonne expérience pour tous, et de toutes façons, les contrats signés avaient verrouillé la présence de chacun des acteurs pour au moins trois films.

Ce n’est pas pour autant que le casting final s’avère sans surprise. Dans le rôle du père de Quill, et sur recommandation de Chris Pratt, Gunn recrute l’icône d’une génération entière, biberonnée aux films de John Carpenter, l’illustre Kurt Russel. C’est à cette occasion qu’on apprend également qu’il incarnera Ego, ce qui ne manque pas de susciter une vague de murmures surpris parmi les fans. Comme expliqué un peu plus tôt, Ego est, dans les comics, une planète intelligente à visage humain, arborant une barbe et un air sévère. Un personnage que n’aurait sans doute pas renié Méliès. Mais de là à l’imaginer « en vrai » dans un film, il y a de quoi émettre certaines réserves. Rapidement, Gunn lève le doute : dans son film, Ego se manifestera principalement sous son apparence humaine, en l’occurrence celle de Russel, même si l’on pourra aussi le découvrir sous sa forme planétoïde.

– « I am Groot ! »
– « Yep, Twig, je crois que c’est bien niqué pour récupérer la caution. »

Il est trop mignooooon !

Autre nouveauté du côté des personnages : après son sacrifice survenu dans le premier film, Groot « renaît » sous une nouvelle forme, très réduite, qui lui vaut rapidement le surnom de Baby Groot. Une nouvelle itération du personnage que Gunn revendique comme personnelle, et non dictée par des impératifs mercantiles (son aspect mignon en faisant d’ores et déjà un must have des collectionneurs de « goodies »). Le réalisateur soutient que l’idée lui est venue pendant le tournage du premier film, comme une sorte de miroir à cette scène où Rocket se tient sur son épaule.

Et puisque nous abordons le domaine des produits dérivés, signalons tout de même l’investissement de Gunn sur le pan marketing de la production, le réalisateur ayant veillé personnellement à ce que les personnages féminins soient eux aussi correctement représentés dans les rayons, au même titre que leurs pendants masculins. Des Gamora, Nebula et autres Nova Prime parmi les figurines, voilà qui devrait faire momentanément mentir l’une des principales critiques faites à l’égard de Marvel, et de l’industrie du loisir en général : il n’y a pas assez de personnages féminins dans les jouets !

Du côté de la performance capture, c’est à nouveau Sean Gunn, le frère de James, qui sert de « Rocket virtuel », emballé dans une combinaison verte peu valorisante. Un choix qui s’est avéré payant sur le premier film, permettant aux acteurs d’interagir avec autre chose qu’une balle de tennis enfichée au bout d’un morceau de bois.

D’importants progrès techniques ont d’ailleurs été réalisés depuis le premier Guardians, notamment au niveau des imposants maquillages que doivent porter certains acteurs. Un petit plus qui fait bien plaisir à Karren Gillan, qui n’a plus cette fois-ci à se raser complètement le crâne pour incarner Nebula. Même soupir de soulagement chez Dave Bautista : les impressionnants tatouages qui lui habillent le corps ne prennent plus que quatre-vingt dix minutes pour être appliqués, au lieu des quatre heures que nécessitait le traitement lors du précédent tournage.

Guardians of the Galaxy Vol.2

Le nouveau line-up des Guardians, édition 2017. Avant une nouvelle itération sans doute un peu différente dans le troisième opus.

Ego & Cash

Pour le reste, comme on peut s’en douter dans cette atmosphère bon enfant, le tournage se déroule sans encombre. Filmé principalement à Atlanta, ce dernier s’étendra de février à juin 2016, avec son lot habituel de reshoots quelques semaines plus tard.

Le seul « couac » qui viendra ternir ce beau tableau consiste en la destruction accidentelle du casque du walkman Sony qu’utilise Quill dans le film. Après avoir découvert que l’objet original s’échangeait à mille huit cent dollars sur eBay, Russell Bobbitt, l’accessoiriste de Gunn, s’est finalement résolu à en créer de nouveaux de toutes pièces, sur base des plans originaux.

À quelques mois de la sortie, fin 2016, la machine promotionnelle se met en marche et Marvel Studios commence à abreuver le public d’images et d’extraits du film, révélant au passage quelques petites bribes d’informations plutôt intrigantes.

Première surprise : alors que l’annonce du casting de Kurt Russell a mis un temps certain à être officialisée, Gunn lèvera très vite le voile sur son identité, allant jusqu’à terminer l’une des bandes annonces du film par une scène où le personnage déclame à celui de Chris Pratt un très référentiel : « Je suis ton père ». Le réalisateur justifiera ce choix par une volonté de ne pas mettre l’emphase sur l’identité du père, mais plutôt sur la relation délicate qu’il va devoir entretenir avec un fils qu’il a abandonné très jeune.

Deuxième information étonnante de ces premières interviews accordées par Gunn : Rocky rencontre Rocket. La rumeur avait déjà enflé en 2015, alors qu’il avait été aperçu furtivement sur le tournage, mais cette fois-ci, Gunn confirme : oui, Sylvester Stallone a bien un rôle dans le film ! Le réalisateur va même plus loin : malgré un temps d’écran plutôt limité, son personnage aura une importance centrale dans l’avenir du MCU. Forcément, avec des mots pareils, les fans s’emballent et les théories fusent. Quand on dit que Marvel Studios maîtrise l’art de la communication, il ne s’agit pas d’un compliment gratuit.

Guardians of the Galaxy Vol. 2

Pendant ce temps, à Vera Cruz…

Thanos, infiniment absent

Enfin, on apprend également que ce Vol. 2 ne mettra point en scène de Thanos ou de pierres de l’Infini. Gunn réitère ce qu’il avait déjà déclaré quelques mois auparavant : Guardians est un film à part dans le MCU, sans connexion directe avec la trame qui se met en place et menant à Infinity War. Une déclaration un peu surprenante qui va indirectement apporter un regain d’attention envers Thor: Ragnarok, le troisième volet des aventures du dieu Asgardien. Avec l’absence du Titan Fou dans les aventures cosmiques de Quill et sa bande, c’est la franchise Thor qui prend tout à coup des airs de mise-en-place pour le point culminant de la Phase 3.

À l’heure où je finis ce chapitre, le film vient à peine de sortir sur le marché international (il déboule aux US la semaine prochaine), et a déjà récolté plus de 6 millions de dollars (le deuxième meilleur démarrage pour Marvel Studios, depuis le premier Avengers). Les analystes du box office lui prédisent un rutilant week-end d’ouverture à 160 millions de dollars, et des recettes globales d’au moins 400 millions, voire beaucoup plus selon certaines prévisions optimistes. Et ça, rien que pour les États-Unis. Après avoir été le trailer le plus regardé du MCU avec 81 millions de vues en vingt-quatre heures à peine, Guardians of the Galaxy Vol. 2 devrait normalement confirmer son statut de carton sans trop forcer.

De là à déjà envisager un troisième opus, il n’y a qu’un pas que James Gunn a déjà franchi, annonçant il y a quelques jours à peine qu’il s’occuperait effectivement du prochain film de la franchise. Probablement quand il aura fini de prêter main forte aux frères Russo sur Infinity War… En tous cas, chez Marvel Studios, on sabre déjà le champagne. Un nouveau carton potentiel de bonne augure, à quelques mois de la sortie de Spider-Man : Homecoming, retour au bercail très attendu d’un des héros les plus emblématiques de la franchise.

Note : le film étant encore tout récent, j’ai volontairement omis toute forme de spoilers dans ce dossier, mais si le sujet vous intéresse, soyez à l’écoute de notre prochain épisode des Clairvoyants (prévu a priori pour la semaine prochaine) où l’on reviendra en long et en large sur le contenu du film et son impact sur la suite de l’aventure MCU.

En attendant, pourquoi ne pas lire ou relire les autres parties de cette grande saga ?


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